Session du Conseil départemental de la Savoie
Vendredi 15 décembre 2023
DISCOURS DE M. HERVE GAYMARD
Président du Conseil départemental de Savoie
Monsieur le Préfet,
Mes chers collègues,
Le projet de budget primitif pour 2024 que nous allons examiner s’inscrit dans un contexte de stagnation économique, avec toutefois de moindres tensions inflationnistes, et, hélas, un contexte géopolitique très inquiétant. Saluons tout de même les avancées obtenues lors de la COP 28 qui vient de s’achever.
Le budget que je vous propose, d’un montant de 691,21 M€, est cohérent avec les orientations budgétaires débattues le 10 novembre 2023. Il témoigne de notre politique volontariste en faveur de l’action sociale et des dynamiques durables tout en préservant les équilibres financiers structurels, ce que l’agence Fitch n’a pas manqué de reconnaitre en attribuant pour la 8e année consécutive la meilleure note possible aux comptes de notre collectivité.
Les dépenses réelles de fonctionnement s’élèvent à 532,79 M€ en progression de 44,79 M€ par rapport au BP 2023 (+9,2 %). Elles progressent de manière soutenue du fait de l’environnement économique contraint, qui met beaucoup de nos compatriotes dans la gêne, et de notre volonté de les aider à surmonter les accidents de la vie.
Un tiers de ce montant relève du fonctionnement au sens strict du terme c’est-à-dire principalement les salaires et les fluides. Après une année 2023 marquée par plusieurs mesures volontaristes visant à revaloriser les rémunérations du personnel départemental, les efforts financiers s’intensifient en 2024 avec une masse salariale qui augmente de 12 %. Nathalie Fontaine nous donnera dans quelques instants le détail de l’ensemble des mesures de revalorisation envisagées pour nos collaborateurs afin de les récompenser, de les fidéliser et de continuer d’être une collectivité attractive pour de nouveaux talents.
En lien avec la hausse du prix de l’énergie, nos dépenses pour les fluides, malgré le plan de sobriété mis en oeuvre qui a permis de diminuer de près de 20% nos consommations, vont progresser de 2,2 M€, soit + 11,5%.
Les deux autres tiers de nos dépenses de fonctionnement sont en réalité des dépenses d’intervention : subventions aux associations partenaires, frais d’hébergement des personnes âgées, allocation personnalisée d’autonomie, RSA, prestations en faveur des personnes handicapées, financement du Service Départemental d’Incendie et de Secours.
Nos dépenses d’investissement s’élèvent quant à elles à 158,42 M€ en hausse de 3,6 % par rapport au BP 2023.
En particulier, le budget consacré aux infrastructures et au parc de matériel, progresse, cher Olivier Thévenet, de 8,11 M€, du fait notamment de l’inscription de 3 M€ pour la falaise de la Praz et de 1,7 M€ supplémentaire pour les aménagements cyclables et le plan vélo. Et celui consacré aux travaux dans les collèges progresse encore, chères Nathalie, Schmitt et Fontaine, de 2,6 M€ pour atteindre 23,4 M€.
Au total, le budget 2024, que nous expliciteront Renaud Beretti et Vincent Rolland, prévoit des dépenses en hausse de 50,3 M€, alors que les recettes ne croissent que de 16,6 M€. Son équilibre général est assuré par une reprise de 15 M€ des réserves de DMTO, que nous avons très opportunément effectuées ces deux dernières années, et un recours à l’emprunt d’environ 90 M€, montant qui devrait être revu à la baisse avec la reprise du résultat qui interviendra lors du budget supplémentaire de juin prochain.
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Le budget consacré à nos politiques sociales est en très forte hausse, passant de 246 à 264 M€. Malheureusement, Monsieur le Préfet, les recettes compensatrices, essentiellement en provenance de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie stagnent autour des 35 M€. Il est donc clair que sans compensation financière supplémentaire conséquente de l’État, alors que nous n’avons plus d’autonomie fiscale, nous ne pourrons pas absorber cette dynamique dans le futur sans réduire à néant notre budget d’investissement. Je rappelle d’ailleurs, qu’à la différence de l’État, les collectivités territoriales ont interdiction d’emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement, ce qui est par ailleurs une évidente mesure de bonne gestion.
Corine Wolff nous détaillera ce budget, qui répond :
Aux nécessités d’accueillir et d’accompagner des familles et des enfants dans un contexte de hausse des informations préoccupantes et d’augmentation forte des Mineurs non accompagnés.
Aux sollicitations des ménages qui avec une pauvreté qui s’est aggravée avec l’inflation ont recours aux dispositifs d’aide en plus grand nombre.
Aux besoins financiers des organismes gestionnaires pour faire face aux hausses de coûts de ces dernières années.
Au vieillissement de la population qui amène à plus accompagner les personnes âgées.
À une meilleure prise en charge des personnes handicapées.
À des stratégies nationales et leurs déclinaisons locales en évolution constante :
• Loi « plein emploi » / France travail
• Nouveau pacte des solidarités
• Stratégie prévention protection de l’enfance
Nous avons au cours de l’année 2023 répondu à l’appel des associations d’aide alimentaire, et soutenu les EHPAD ainsi que les maisons d’enfants à caractère social en difficulté, de manière volontariste, bien au-delà des « règles » qui s’imposent à nous, dans le souci de leur pérennité et de la qualité de l’accueil des personnes. Nous poursuivons cet effort en 2024.
Nous savons qu’en la matière, nous ne pouvons pas faire seul, que l’engagement de l’État, dans toutes ses composantes, est nécessaire ainsi que celui des communes et des intercommunalités qui doivent elles aussi répondre aux besoins sociaux de leur population.
Nous savons aussi qu’il nous faut faire autrement pour lutter contre les facteurs de pauvreté, mieux insérer dans la société et prévenir les situations difficiles en protection de l’enfance. Nos trois Vice-présidents ainsi que nos deux commissions sont fortement engagés dans cette direction.
Ainsi, Alexandre Gennaro nous proposera lors d’une session en mars les axes de contractualisation avec l’État sur le pacte des solidarités et sur la mise en place de la réforme France Travail. Nous espérons également pouvoir poursuivre notre coopération autour de l’accompagnement précoce des enfants et de leurs parents, tout comme nous poursuivons nos collaborations avec le réseau des Maisons France Service pour garantir l’accès aux droits.
Enfin, je souhaite saluer, une fois encore, l’engagement des bénévoles et des professionnels, engagement dont nous avons pu avoir un aperçu la semaine dernière lors de l’inauguration du nouveau centre social de Frontenex. Ce lieu mieux placé, plus chaleureux, offre des conditions de travail et d’accueil de qualité, au grand bénéfice des habitants.
S’agissant du logement qui est une préoccupation majeure pour nos concitoyens, et dans la suite du séminaire rassemblant élus et acteurs du logement que nous avons organisé le 24 novembre à Jacob-Bellecombette, le travail de structuration d’une foncière est engagé et nous inscrivons à ce budget une somme de 2 M€ pour prendre part à son capital. Par ailleurs nous serons particulièrement attentifs aux quatre grandes questions qui se posent pour la loi logement annoncée par le gouvernement pour savoir quelle collectivité sera chef de file, avec quelles ressources, quelles compétences et enfin quels outils de régulation ?
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Marie-Claire Barbier nous présentera notre ambitieux Plan Climat, lequel constitue notre nouvelle feuille de route en matière de transition écologique. Il a vocation à accompagner la collectivité dans sa trajectoire d’atténuation et d’adaptation au changement climatique à l’horizon 2030.
Cette stratégie s’inscrit dans le prolongement d’une démarche engagée il y a dix ans avec le premier plan climat-énergie départemental 2013 – 2017. Avec ce nouveau plan, le Département ambitionne de changer de braquet dans la course face à la triple crise du changement climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de l’épuisement des ressources naturelles.
S’aligner sur la stratégie nationale énergie – climat pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre est indispensable. Mais, la Savoie étant un des territoires qui se réchauffent le plus vite en France, avec des conséquences, telles celles que nous avons connues ces dernières semaines, déjà fortement perceptibles, nous devons également prendre à bras le corps la problématique de l’adaptation au changement climatique.
Trois objectifs fondent l’action Départementale dans le cadre de ce Plan climat :
• Être une collectivité exemplaire en matière de décarbonation et d’adaptation au changement climatique ;
• Accompagner les acteurs du territoire pour oeuvrer à une Savoie plus sobre et plus résiliente ;
• Consolider les connaissances pour mieux éclairer l’action publique, tant en interne que sur le territoire.
Il est une feuille de route évolutive qui accompagnera l’action Départementale pour les années à venir. Nous sommes déjà capables, sur la base d’un socle d’actions engagées, de fixer un cap réaliste et ambitieux. Mais ce socle a vocation à être enrichi par des actions nouvelles qui nous permettront de progresser continuellement. Sur la connaissance de notre bilan carbone ou sur les conséquences du changement climatique en Savoie, le Plan climat s’enrichira aussi progressivement. Cette démarche ne doit cependant pas rester une initiative isolée du Département : elle a vocation à embarquer largement les acteurs du territoire savoyard afin qu’ensemble nous oeuvrions dans la même direction, avec la même envie et la même confiance dans les possibilités que nous offre une Savoie plus durable.
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Mes chers collègues, ces deux derniers mois, la Savoie a été touchée par des épisodes pluviométriques remarquables tant par leur durée que par leur intensité. Ce ne sont pas moins de l’équivalent de dix mois de précipitations qui sont tombés en 7 jours diluviens, aggravé par la fonte nivale générée par le phénomène de « yoyo thermique » effet visible du changement climatique. Les massifs rocheux souffrent de la saturation en eau des sols et des périodes de gel-dégel auxquelles nous sommes confrontés depuis début novembre. Et cette semaine ce sont la Chautagne, l’Avant-Pays savoyard ainsi que le bassin aixois qui souffrent sous la menace d’un niveau des eaux exceptionnellement élevé, isolant ou inondant certains secteurs comme à Ruffieux, Vions ou encore Chatillon.
L’évaluation du coût des innombrables réparations sur nos routes et infrastructures est en cours de finalisation et une délibération vous sera proposée pour me permettre de solliciter, Monsieur le Préfet, les aides de l’État au titre des fonds de solidarité prévus pour ces évènements météorologiques.
Nul n’ignore ici les désagréments causés par ces évènements qui contraignent fortement les déplacements de nos concitoyens. Les services du Département et les entreprises sont mobilisés et travaillent en continu partout où les conditions le permettent. Je tiens ici à saluer et à remercier l’engagement de toutes les équipes et tout particulièrement nos services routiers qui n’ont pas ménagé leur peine ces dernières semaines et encore ces derniers jours avant même d’entamer la saison hivernale, ainsi que les personnels du SDIS, et ceux des communes et des intercommunalités et leurs élus qui se mobilisent avec une abnégation remarquable.
Cet épisode de crue a également permis de mesurer les effets positifs de travaux de prévention conduits par nos collectivités « Gemapiennes ». Grâce aux travaux de restauration du domaine public fluvial entrepris avec la contribution financière de l’État nous avons permis d’éviter une catastrophe d’une toute autre ampleur sur la Combe de Savoie compte tenu des débits, inédits depuis près d’un siècle, enregistrés sur l’Isère à Albertville. C’est pourtant ce partenariat financier avec l’État, que les collectivités sont pleinement en droit de revendiquer s’agissant de la gestion du domaine public fluvial, mais également de la remise en état des digues domaniales, qui tend à être remis en cause par l’Etat dans des conditions que nous avons récemment et unanimement jugé inacceptables.
Aussi, dans le prolongement du voeu émis par notre assemblée le 10 novembre sur les modalités de transfert des digues domaniales aux collectivités, j’ai saisi par courrier le Ministre Christophe Béchu. En lien avec nos parlementaires que je sais pleinement actifs, nous devons collectivement rester mobilisés sur ce sujet majeur.
Sur certains territoires durement éprouvés, l’heure est aux travaux et les dégâts sont lourds. Comme nous l’avons toujours fait en pareilles circonstances, nous ferons jouer la solidarité Départementale avec la mobilisation de notre fonds risques érosion exceptionnelle (FREE) que nous serons sans doute conduits à abonder en cours d’année.
Nous sommes toutefois soucieux à ce que, d’une manière simple et efficace, notre contribution soit mise en oeuvre en complémentarité avec celle de l’État au titre de la dotation de solidarité dont la mobilisation apparait
absolument indispensable. Monsieur le Préfet, si vous en êtes d’accord, je vous propose que nous nous organisions comme nous avons pu le faire après la tempête Eleanor, en comité des financeurs afin de faciliter l’accompagnement des territoires.
L’éboulement de la falaise de la Praz le 27 août dernier nous a rappelé l’exposition et la vulnérabilité de l’ensemble des infrastructures de transport dans ce secteur. Les enjeux d’accessibilité à la Haute Maurienne et plus largement les liens entre la France et l’Italie ont conduit le Département à s’engager auprès de SNCF Réseau et de la SFTRF pour rétablir une offre de mobilité adaptée. Depuis le 16 octobre, la gratuité de l’A43 a ainsi été mise en oeuvre pour les usages locaux. Elle fera l’objet d’un remboursement du Département à la SFTRF estimé à 600 000 € par an.
Les travaux de sécurisation de la falaise, débutés dès le 18 septembre, se poursuivent. La sécurisation de la partie sommitale s’achèvera courant janvier. L’ensemble des acteurs et des entreprises sont mobilisés et travaillent sans relâche dans des conditions hivernales parfois extrêmes. L’objectif du Département reste d’achever ces travaux de sécurisation dans les meilleurs délais pour permettre à SNCF Réseau et à la SFTRF de rétablir leurs circulations dès que possible. L’échéance de l’été 2024 a été avancée pour l’achèvement de cette mise en sécurité préalable aux travaux de réparation des ouvrages par chaque gestionnaire. Elle devra être confirmée au regard des aléas et conditions météorologiques hivernales.
Je voudrais redire, guidé par le simple bon sens, que la sécurisation de la falaise est incontournable pour la résilience des infrastructures ferroviaires et de l’A43. Contrairement à ce qui a pu être parfois entendu, la remise en service de
la ligne ferroviaire est une priorité pour tous. Cela ne remet évidemment pas en cause la réflexion engagée pour la création d’un demi diffuseur à la Praz. Lors de ses venues en Maurienne, le Ministre des Transports a pris l’engagement de poursuivre le travail qu’avaient initié le Département puis la SFTRF, dès 2019. Je reste mobilisé aux côtés des élus et des collectivités du territoire pour que cet engagement puisse se concrétiser très prochainement.
S’agissant des deux éboulements survenus à la sortie du tunnel des Échelles, nous savons désormais que les travaux de sécurisation engagés par le Département nécessiteront une fermeture de la route RD 1006 dans les 2 sens entre Saint-Jean-de-Couz et Saint-Christophe-la-Grotte, pendant deux mois.
Conscients des désagréments occasionnés, et relayant la vigilance de nos élus départementaux Gilbert Guigue et Corine Wolff, ainsi que du sénateur Vial, le Département et la société d’autoroute AREA se sont concertés afin de lancer, dès ce jeudi 7 décembre, une offre tarifaire de -50 % pour ceux qui utilisent, pour leurs trajets quotidiens, la déviation via l’A43 entre Chambéry Nord et la sortie 12 lac d’Aiguebelette. Ce dispositif sera bien entendu maintenu pendant toute la durée des travaux.
À Notre Dame de Briançon, sur la commune de la Léchère, durement touchée par les inondations du 14 novembre, il faut saluer le travail réalisé par les équipes de SNCF réseau qui ont rétabli la ligne entièrement détruite sur 300 m permettant à nouveau la circulation des trains de voyageurs aujourd’hui même, dans le respect du calendrier annoncé.
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Florian Maitre et Aloïs Chassot participaient vendredi 1er décembre au Comité de pilotage pour la création du futur syndicat mixte des mobilités sur le bassin de Coeur de Savoie à Grand Lac. Les mobilités sont au coeur des défis en matière de décarbonation. Il nous faut sortir de la dépendance à la voiture, accélérer les nouvelles possibilités et programmer les investissements nécessaires. Grand Chambéry, Grand Lac et Coeur de Savoie constituent un bassin de mobilité commun, dont la qualité de vie et l’attractivité est menacée par la saturation des infrastructures. Le travail mené depuis octobre 2022 a permis d’aboutir à un projet de création de syndicat mixte au 1er trimestre 2024, ce qui est une excellente nouvelle. Je vous proposerai donc de convoquer une session dédiée en début d’année afin de confirmer l’adhésion du conseil départemental à ce syndicat mixte des mobilités.
Dans le cadre du nouveau Plan Vélo approuvé par l’Assemblée Départementale le 16 juin 2023 et j’ai eu l’occasion de le rappeler lors du séminaire sur les mobilités qui s’est tenu le 28 septembre, le Département lance une initiative volontariste pour les infrastructures du « dernier kilomètre » des collèges. Il s’agit d’encourager les collégiens à prendre le vélo et les sécuriser dans leur parcours. À cet effet, j’ai le plaisir de vous informer du lancement d’un premier appel à candidatures à destination des EPCI et des groupements intercommunaux. Avec la mobilisation de l’Agence alpine des territoires (AGATE), nous proposons un accompagnement en ingénierie pour identifier les enjeux et hiérarchiser les priorités, pour sécuriser des itinéraires et ou créer des infrastructures d’accès aux collèges.
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Mes chers collègues, monsieur le préfet, le Lyon-Turin est toujours au coeur de notre actualité.
En Maurienne, tous les marchés de génie civil ont été attribués et les chantiers sont en cours avec une activité soutenue : la barre des 2000 salariés a été franchie cet automne. Trois tunneliers identiques, peints symboliquement en vert TELT, en rouge Savoie et en bleu Europe, ont été réceptionnés cet automne à l’usine Herrenknecht, dans le Bade-Wurtemberg. Ces trois géants souterrains de 10,4 m de diamètre, d’une longueur de 180 m et d’un poids de plus de deux mille tonnes chacun, vont bientôt arriver. Ils excaveront les 23 km du tunnel de base du Lyon-Turin, entre Saint-Martin-la-Porte, La Praz et Modane.
Mais au-delà de ces bonnes nouvelles, le sujet des accès français, reste un point fort de préoccupation. La France doit impérativement déposer au plus tard fin janvier 2024, un dossier de demande de subventions à Bruxelles pour ces études sur les accès éligibles à un cofinancement par l’Europe de près de 50%. Mais il reste à fixer la clé de répartition de la part française, ce qui fait l’objet de discussions intenses, entre la Préfète de Région, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les départements et les agglomérations concernées, soit 11 collectivités, pour parvenir à un accord équilibré. J’ai eu l’occasion d’échanger il y a quelques jours avec le Ministre des Transports Clément BEAUNE : il a parfaitement conscience de la responsabilité de l’État pour aboutir à une solution favorable.
Je voudrais enfin souligner, que nous avons finalisé la signature du nouveau Contrat territorial pour la Maurienne, dédié à l’accompagnement du Lyon-Turin au titre de la démarche Grand Chantier. Cette démarche partenariale, et les moyens qui lui sont dédiés, en font un outil pertinent et adapté dès que les chantiers s’engagent. Comme Mme SANTAIS, Présidente de Coeur de Savoie vient de vous l’écrire, et comme Gilbert GUIGUE avait pu récemment nous le rappeler pour l’Avant-Pays Savoyard, il sera utile d’élaborer un dispositif similaire pour accompagner les différents territoires concernés par les accès français du Lyon-Turin. En Maurienne toujours, nous sommes avec Nathalie Furbeyre, Christian Grange et les élus de la haute Maurienne particulièrement préoccupés par la possible fermeture du centre de l’Albaron de la croix rouge auquel nous tenons beaucoup pour son activité principale de formation qu’il convient avec la région d’aider.
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2023 aura été, pour l’agriculture et la forêt, une année de transition avec la « re-départementalisation » de notre politique. 2024 sera l’année de mise en place d’une nouvelle politique, que nous soumettra Gilbert Guigue, pour répondre aux enjeux du plan climat et poursuivre le développement des circuits courts prévus dans le projet alimentaire territorial, comme en témoigne la création avant-hier (le 13 décembre) des deux sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) que sont « La ceinture verte de Savoie » et « La foncière agricole de Savoie », qui vont permettre l’installation de nouveaux agriculteurs.
Je souhaite très sincèrement remercier tous les partenaires qui se sont associés à notre ambition de développer ces nouveaux outils, au premier rang desquels la Chambre d’agriculture, l’EPFL et les EPCI. Par ailleurs, si notre projet alimentaire territorial est désormais entré dans une phase plus concrète, il s’agira en cette prochaine année de vous soumettre la proposition de candidater à une nouvelle labellisation permettant de renforcer l’approvisionnement local et de soutenir l’évolution des productions
agricoles vers une production « plus vivrière » sans oublier, bien entendu, les actions menées ou en cours de réflexion sur la filière viande, sur l’organisation logistique, sur la restauration des collégiens, sur le gaspillage ou sur l’accessibilité sociale.
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Malgré la conjoncture budgétaire compliquée, notre budget 2024, cher Franck Lombard, prévoit de maintenir les crédits consacrés au FDEC et aux contrats départementaux. Au-delà d’un contexte inflationniste sur les matières premières et les travaux, nous savons aussi que les investissements désormais prioritaires des collectivités portent sur la mise aux normes de leurs bâtiments afin de respecter les objectifs en matière de performance énergétique. Ces nouvelles orientations doivent bien évidemment nous inciter à reconsidérer les modalités d’intervention de nos politiques de soutien comme cela vous a été proposé dans le cadre du FDEC.
Sur le sujet délicat des crédits d’État et comme je vous l’avais indiqué lors de notre dernière session, nous avons pris la décision de déconnecter la détermination des collectivités défavorisées du système de taux de subvention. Franck Lombard réunira donc comme prévu très prochainement un groupe travail sur ce sujet complexe et sensible afin que notre Assemblée puisse statuer sur cette liste de collectivités défavorisées lors de sa prochaine session budgétaire en juin.
En matière de tourisme, vous avez pu constater que le Département a dernièrement lancé son appel à projets sur le tourisme culturel et patrimonial. Ce dispositif doit permettre de fédérer les collectivités, les offices de tourisme et les acteurs privés pour mettre en oeuvre un projet autour d’une offre touristique structurée et pluri-thématique à une échelle territoriale et renforcer les synergies autour des riches attraits touristiques que comptent nos territoires.
Il nous faudra poursuivre également nos réflexions sur l’adaptation de nos appels à projets concernant les hébergements touristiques marchands, la randonnée ou les stations moyennes afin qu’ils prennent mieux en compte les nouvelles attentes de nos visiteurs, les questions de conflits d’usage entre les différents utilisateurs de l’espace et les besoins des collectivités.
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Le hasard, fait que nous allons délibérer, avec tristesse, de la fin du Conseil Savoie Mont-Blanc, tel que nous l’avons connu et animé, - la coopération interdépartementale se limitant désormais à la seule lecture publique -, au moment-même où la candidature des Alpes Françaises vient d’être retenue, le 29 novembre, par le Comité International Olympique pour l’organisation des JOP d’hiver de 2030, dans le cadre d’un « dialogue ciblé » exclusif. Cette candidature est en effet porteuse de sens pour la destination Savoie Mont-Blanc, puisque la quasi-totalité des épreuves de neige se déroulera dans nos deux départements.
Nous avons soutenu cette candidature, car sa marque de fabrique était la réutilisation au maximum des équipements olympiques existants. Nous avions déjà proposé cette démarche pour les JO de Turin, sans succès. Il faut donc se féliciter de cette décision précoce, à vrai dire inattendue, car cet évènement est porteur de très beaux espoirs pour les Alpes Françaises dans leur globalité, et, tout particulièrement pour la Savoie. Nous ne serons bien sûr pas dans la même situation qu’en 1992, quand le Conseil Général de la Savoie et la ville d’Albertville portaient la candidature, puisque présentement ce sont les conseils régionaux AURA et PACA, qui seront à la manoeuvre. Mais nous serons là, et bien là, bien sûr ! Ainsi que l’État, Monsieur le Préfet, car l’autre raison qui nous vaut ce succès, et nous a distingué de la Suisse et de la Suède, est que toutes les collectivités publiques ont apporté leur garantie pour la réussite de ce grand évènement.
Je voudrais, à ce stade, vous faire partager trois réflexions qui me paraissent importantes.
Sans faire preuve d’un « chauvinisme départemental » dont vous me savez peu friand, il n’y aurait pas de JOP en 2030 en France, sans la Savoie. Tout simplement parce que nous avons les deux équipements les plus coûteux, et les moins faciles à réutiliser : la piste de Bobsleigh de La Plagne, et les tremplins de saut du Praz de Saint-Bon à Courchevel. L’économie réalisée est de 56 millions d’Euros pour la piste de bob, et de 32 millions d’Euros pour les tremplins, qui correspondent aux coûts de construction initiale. Ce à quoi il convient d’ajouter trente années d’entretien et de mise au norme, assumés par le Conseil Général, les collectivités et l’État, soit 16 millions pour la piste de bob et 30 millions pour les tremplins, pour un total de plus de 130 millions d’Euros.
Ma deuxième conviction, est qu’il n’est tout simplement pas envisageable d’écarter Val d’Isère, une des plus grandes capitales du ski mondial, de cet évènement sportif majeur. Dans le sillage de Jean-Claude Killy, et de l’argumentation qu’il a développée tant auprès du CIO que des porteurs français de la candidature, je demande donc que Val d’Isère soit réintégré sur la carte des sites. C’est possible, comme cela l’avait été pour Les Menuires en 1992.
Ma troisième conviction est que pour organiser des jeux durables il faut un territoire durable. Les Jeux doivent être un accélérateur des transitions. Je pense bien évidement d’abord aux accès ferroviaires, de Saint-André le Gaz à Annecy, via Chambéry et Aix-les-Bains, à la Combe de Savoie et à la Tarentaise, et aux accès routiers, qui devront être transformés rapidement et conforter dans leur capacité comme dans leur résilience face aux risques naturels. Je pense aussi au confortement de nos capacités hospitalières. Je pense également aux ascenseurs valléens, et cette liste est loin d’être exhaustive.
Il me semble donc indispensable, Monsieur le Préfet, qu’à l’échelon du département et en cohérence avec le futur COJOP et le futur Préfet délégué aux JOP, nous installions sans tarder un groupe de travail pour faire le point sur nos besoins et nos propositions. Par ailleurs, comme pour les jeux d’Albertville, il faudra sans doute des dispositions législatives, d’une part pour tenir les délais, et d’autre part pour sans doute adapter la loi montagne.
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S’agissant de montagne durable, je vous propose de soutenir, comme nous l’avions fait pour la Maurienne il y a des décennies, la création d’une conduite de gaz entre Albertville et La Léchère, en créant une autorisation de programme sous la forme de participation en capital pour un montant de 3 M€. C’est la condition de la pérennité du site de Notre-Dame de Briançon, et de la reprise du site de Château-Feuillet. Dans cette conduite, pourra être injecté du bio Gaz issu de la méthanisation des boues des stations d’épuration d’Arlysère et de la Tarentaise.
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Mes chers collègues, nous avons adopté à l'unanimité le 16 juin dernier le schéma unique de développement artistique et culturel 2023-2028. Je vous propose donc une revalorisation du budget, et de rendre plus lisible l'action départementale, ce que Renaud Beretti a fait cet automne en concertation dans les territoires.
Dans le cadre du projet européen SavoiaExperience, nous allons réaliser une nouvelle scénographie des salles de la Chambre des comptes, restaurer la petite cour attenante, et ouvrir la salle du Trésor pour une présentation numérique du Château. Nous resserrons nos liens avec nos partenaires, l’abbaye d’Hautecombe, et les châteaux de La Manta et de Racconiggi, pour travailler à une destination touristique commune, autour des grands sites liés à l’histoire de la Maison de Savoie.
Dans le prolongement du Comité transfrontalier issu du Traité du Quirinal, auquel j’ai représenté le Département le 31 octobre dernier à Turin, j’ai donc saisi Mme Catherine Colonna, notre ministre des Affaires Étrangères, pour lui dire que la Savoie était candidate pour jouer un rôle majeur, pour le renforcement des coopérations et solidarités concrètes entre la France et l’Italie.
2024 est aussi l’année anniversaire du réseau des musées et maisons thématiques de Savoie, animé par notre service de la Conservation départementale du patrimoine. En lien étroit avec le Musée Savoisien (qui a reçu plus de 50 000 visiteurs à ce jour), c’est tout un programme d’accompagnement qui va débuter, afin de renouveler les coopérations, de proposer des animations dans le réseau, de soutenir les sites dans la gestion et la conservation de leurs collections.
Nous allons également mener des opérations d’envergure de restauration de documents historiques, inaccessibles au public en raison de leur état de conservation, et de traitement intellectuel de fonds d’archives, notamment contemporaines. Je vous propose de porter à 100 000 € les aides aux communes pour l’inventaire et la diffusion de leurs archives. L’équipe de médiation des Archives prépare également une exposition, un spectacle et un jeu éducatif autour de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en Savoie, dans le cadre des commémorations de la Libération qui vont s’ouvrir en 2024.
Nouveau grand projet culturel, une fois le Musée Savoisien réalisé, l’avenir du bâtiment hébergeant les Archives départementales fera l’objet d’une étude de faisabilité l’année prochaine, afin de nous déterminer sur le parti à prendre pour assurer nos missions de constitution, de préservation et de diffusion de notre patrimoine exceptionnel, qu’il soit écrit ou en images.
Je vous remercie.