DOB 2026 - Discours de Franck Lombard
DocumentsSession du Conseil départemental de la Savoie
Vendredi 14 novembre 2025
DÉBAT D’ORIENTATIONS BUDGÉTAIRES 2026
DISCOURS DE M. FRANCK LOMBARD
1er vice-président du Conseil départemental de Savoie
Madame la Préfète,
Mes chers collègues,
Je dois tout d’abord excuser l’absence de notre Président qui pour une impérieuse raison privée ne peut être parmi nous et présider notre session et soyez assurés qu’il le regrette vivement.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour notre traditionnel et important débat sur les orientations budgétaires et financières que nous présentera Renaud Beretti dans quelques instants.
Il n’aura échappé à personne que l’environnement économique reste marqué par une activité peu dynamique. La croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) français pourrait ainsi atteindre 0,6% à 0,8% en 2025, en baisse par rapport à 2024 où il s’établissait à 1,1%, et les anticipations pour 2026 sont à peine meilleures (0,9%).
L’inflation observée en 2022 et 2023 continue de se replier et les taux d’intérêts, après avoir fortement progressé en 2022 et 2023, ont diminué, sous l’effet de la révision de la politique de la Banque Centrale Européenne, qui a, depuis l’été 2024, abaissé à plusieurs reprises ses taux directeurs. Ces évolutions économiques interviennent dans un contexte géopolitique difficile, toujours marqué par des tensions internationales, une politique commerciale agressive de la part des Etats-Unis et une situation singulièrement dégradée des finances publiques françaises avec un déficit budgétaire de l’Etat qui s’élève à 5,4% du PIB et un endettement qui atteint 115,6 % du PIB.
Le projet de loi de finances pour 2026, dont l’adoption reste incertaine compte-tenu de l’instabilité politique actuelle, prévoit, dès lors, comme en 2025, diverses mesures destinées à enrayer ce mouvement d’accroissement de la dette publique. Certaines de ces dispositions auraient des conséquences financières pour les collectivités territoriales déjà confrontées à de très fortes tensions financières.
Plus encore que l’année dernière, les marges de manoeuvre du Département sont impactées, alors que nous sommes déjà confrontés à un fort « effet de ciseaux » depuis 2023, en raison de la stagnation de nos recettes et de la progression rapide et constante des dépenses de fonctionnement et de solidarité. Les orientations budgétaires de notre collectivité s’apprécient donc dans ce contexte à la fois très incertain et de forte contrainte financière.
Les politiques départementales sont ordonnées autour de la priorité environnementale, avec, notamment, les restructurations des bâtiments et collèges, l’utilisation de techniques bas-carbone pour nos chaussées, le plan vélo, la décarbonation de nos véhicules, le plan des mobilités durables, la réalisation de centrales photovoltaïques, la confection de repas de qualité à carbone réduit pour nos collégiens, et bien d’autres actions concrètes dont les effets se mesureront tout au long des prochaines années. Marie-Claire Barbier nous l’explicitera à l’occasion de la présentation du rapport sur la situation en matière de développement durable de notre collectivité.
Ces orientations budgétaires priorisent également nos politiques de solidarité, en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées, de la protection de l’enfance ou de la cohésion sociale, en lien avec les organismes et associations qui accompagnent les publics les plus fragiles.
Nous prévoyons donc une hausse de nos dépenses relatives à ces politiques, en privilégiant la prévention et l’accompagnement, car ces actions concourent, nous le savons bien, à la maitrise de dépenses curatives ultérieures.
D’une manière générale, nous confirmons notre volonté d’investissement avec un volume de 747 M€ entre 2026 et 2030, soit environ 150 M€ en moyenne annuelle, à comparer à 111 M€ en 2023, 139 M€ en 2024 et 137 M€ cette année.
Bien que notre collectivité présente une structure financière solide, grâce notamment à la réserve de 60 M€ d’excédents de droits de mutation que nous avons, opportunément, su provisionner en 2023 et 2024, nous nous devons d’adopter pour les années à venir, une stratégie budgétaire de maîtrise de nos dépenses encore plus rigoureuse nous permettant, à la fois, de mettre en oeuvre nos compétences obligatoires et nos actions prioritaires, et de faire face à la progression de leurs coûts. Cette maîtrise est rendue encore plus nécessaire avec la baisse de nos ressources, qui pourrait être aggravée par de nouvelles mesures nationales.
À ce rythme-là, notre capacité de désendettement pourrait atteindre en 2029 un niveau élevé de 13 ans de notre excédent de fonctionnement et de 22 ans en 2030.
Ce matin nous examinerons également la Décision Modificative, que nous présentera Vincent Rolland.
Elle prévoit 21 M€ de dépenses en moins, liées essentiellement au décalage de certaines opérations et à la fusion des secteurs dépendance et soins.
Couplée avec la prise en compte de meilleures recettes, notamment de DMTO, nous pourrons ainsi diminuer notre besoin d’emprunt d’environ 30 M€.
Notre collègue Nathalie Fontaine nous présentera quant à elle le rapport annuel sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes qui met en avant la poursuite de la dynamique d’égalité professionnelle initiée depuis plusieurs années, la stabilité sur les écarts de rémunération et sur la représentativité équilibrée dans les postes d’encadrement, ainsi que la consolidation des actions en faveur de la prévention et de la lutte contre les violences faites aux femmes, en lien avec nos partenaires institutionnels.
Nous examinerons pour la seconde année un rapport consacré au soutien à l’investissement pour les établissements accueillant des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance.
Ces aides s’inscrivent dans un plan d’adaptation des lieux de vie, certains étant anciens. Elles permettent d’améliorer la qualité de vie des enfants tout en contribuant également à nos objectifs du Plan climat en matière de sobriété énergétique.
C’est ainsi que nos deux vice-présidents, Christiane Brunet et Alexandre Gennaro, nous proposeront de subventionner la restructuration de la résidence sociale ADOMA des Épinettes en contrepartie de réservation de logements pour les majeurs sortant de l’ASE. La cérémonie de célébration de leur diplôme, a permis de mettre en avant leur volonté de réussir et de contribuer à la vie économique de la Savoie en s’engageant dans des filières en tension. À cet égard, je vous remercie madame la Préfète pour la présence chaleureuse de votre secrétaire général lors de cette cérémonie, témoignage de notre collaboration fructueuse dans l’accompagnement de ces enfants fragiles.
Leur joie de se retrouver lors de ce moment de fête dans les Salons d’honneur du château donne tout son sens à la belle mais difficile mission conduite au quotidien par nos équipes qui peuvent être fières d’elles et qu’en notre nom à tous je remercie sincèrement.
Mes chers collègues, un peu plus d’un mois après notre session dédiée aux collèges, nous avons achevé la période d’approbation des budgets 2026 par les conseils d’administration auxquels je vous remercie d’avoir pris part.
Je salue la confiance d’une très large majorité de chefs d’établissement qui, en transmettant leur projet de budget à la Direction des collèges en amont des conseils d’administration, ont permis des échanges et quelques ajustements à la marge. Je peux vous indiquer qu’à une seule exception, les chefs d’établissement ont proposé des budgets conformes aux orientations de notre collectivité. Preuve en est que les collèges de Savoie ont largement de quoi faire face à leurs charges et à leurs projets y compris pédagogiques contrairement à ce que d’aucuns, qui ne recherchent pas l’intérêt des élèves mais la polémique stérile, affirment.
C’est en étroite collaboration avec le Directeur académique, que je remercie pour sa présence aujourd’hui, que nous travaillons sur plusieurs chantiers importants comme la formation des secrétaires généraux des collèges aux pratiques managériales, le bien-être au travail mais aussi la pause numérique. Nous avons ainsi décidé de lancer ensemble une expérimentation dans 3 collèges, ce que nous avons proposé aux collèges Ernest Perrier de la Bâthie à Ugine, Garibaldi à Aix les Bains, et Côte Rousse à Chambéry. Sur la base d’équipements financés par le Département, les collèges pourront construire, avec l’Éducation Nationale, un projet éducatif autour de l’interdiction des portables, pour contribuer à une meilleure santé mentale de nos collégiens, ce qui doit être un objectif prioritaire, comme nous l’a rappelé la semaine dernière Serge Tisseron lors d’une conférence du Sommet des Idées, qui a réuni un large public à Albertville.
Mes chers collègues, alors que le parlement examine le projet de loi de finance pour la sécurité sociale, je tiens à vous partager avec Renaud Berretti et tous les acteurs concernés en SAVOIE notre vive inquiétude sur les conséquences que pourrait avoir le projet de déremboursement des cures thermales qui, chacun le sait, génèrent des emplois directs et indirects, soutiennent l’hôtellerie, la restauration et le tourisme. Le déremboursement des cures risquerait de compromettre cet équilibre, avec des conséquences immédiates sur la vitalité économique de notre territoire.
Je veux également intervenir au sujet de l’entreprise DS SMITH à la Rochette. Nous avons appris avec stupéfaction vendredi dernier, la volonté du groupe International Paper, propriétaire de DS Smith depuis le début de l’année, de fermer ce site. Si nous avons bien conscience des difficultés du secteur du carton ondulé, nous ne pouvons admettre que l’on tire un trait sur plus de 150 ans d’exploitation. Les annonces confirmées hier aux membres du CSE nous indignent. Avec Christiane Brunet, Olivier Thévenet, Béatrice Santais, Jean-François Duc, en lien avec Emilie Bonnivard et le président de la Région Fabrice Pannekoucke, nous demandons à ce que tout soit fait pour maintenir ce site et sauver la centaine d’emplois concernés. Nous demandons à ce que DS Smith remplisse ses obligations envers les salariés de la manière la plus exigeante et nous y serons très attentifs.
Par ailleurs, dans la continuité de la motion que nous avons votée à l’unanimité le 3 octobre, nous enjoignons à nouveau la Commission européenne de prendre toutes les décisions nécessaires au maintien de la filière européenne de production de ferro-silicium. Le maintien de l’ensemble des sites français de Ferroglobe passe par là. Les décisions prises sur la filière Acier nous montrent que ce chemin est possible.
Il est indispensable de ne plus être naïfs face à nos concurrents asiatiques, notamment, si nous voulons maintenir notre industrie.
Mais, nous avons quand même dans ce paysage industriel des sujets de réjouissance en Savoie. Je pense aux importants investissements que FRAMATOME est en train de faire à Ugine avec l’accompagnement de l’agence économique et je pense aussi au projet de desserte de gaz en Tarentaise que nos outils nous permettent d’accompagner pour soutenir la filière industrielle à laquelle nous sommes tous attachés.
Mes chers collègues, en arrivant au Château, vous avez pu découvrir dans le hall d’accueil et les espaces d’accès à notre salle des délibérations, des images de monuments liés à l’histoire de la Maison de Savoie. Cette exposition a été conçue par nos services de la Conservation départementale du patrimoine dans le cadre du projet européen SavoiaExperience, que suit avec une particulière attention Renaud Beretti, Vice-président aux finances, au patrimoine et à la culture, qui vise à poser les bases du développement d’une destination touristique transfrontalière autour des sites emblématiques de l’histoire des comtes puis ducs de Savoie, devenus rois de Piémont-Sardaigne. Cathédrales, églises, châteaux, sites fortifiés, résidences de plaisance…, autant de monuments à relier de part et d’autre des Alpes pour mettre en valeur la singularité de l’histoire de la Savoie, enrichir et diversifier son image et son attractivité.
Mes chers collègues je vous remercie.





