Anthony Martinet, 20 000 lieux sous la terre !

C’est un rêve éveillé que vit Anthony, au cœur d’un chantier XXL. L’enfant qui maniait des tractopelles miniatures passe désormais ses semaines de travail entouré d’engins grandeur nature. Né à Calais, il a rapidement suivi les pas de son père. « Nous avons beaucoup bougé en France car mon papa travaillait sur des chantiers souterrains. Il a participé notamment au tunnel sous la Manche et, au début des années 2000, au creusement de la première descenderie du Lyon Turin à Saint-Martin-la-Porte. À 18 ans, quand j’ai abandonné mon CAP chaudronnerie, il m’a pris sous son aile. Ça a matché tout de suite. Mes 2 frères ont aussi attrapé le virus, il nous est d’ailleurs arrivé de travailler ensemble sur le même chantier ! ».

L’appel de la Savoie…

Après des années passées du côté de Paris pour le creusement de lignes de métro, Anthony a posé ses valises en Maurienne il y a 3 ans « J’ai rejoint un projet d’envergure européenne et donné les premiers coups de pioche ici à Saint-Julien-Montdenis où nous travaillons en méthode traditionnelle à l’explosif.  « On utilise des foreuses et autres engins mécaniques puis on confine chaque zone creusée avec un revêtement provisoire en béton projeté et des boulons d’ancrage ». Dans un environnement aussi exigeant, la sécurité de ses hommes est la mission première d’Anthony. Il gère les équipes, organise les tâches quotidiennes de chacun, s’occupe de la logistique… pour que tout se passe bien tant sur le plan humain que matériel. « J’aime la polyvalence de mon métier. Chaque jour, c’est une routine différente selon les difficultés du terrain. Mon rôle est de gérer l’imprévu et d’être au plus près de mes équipes. Je passe 8 heures par jour sous terre et j’aime ça, d’ailleurs, je suis devenu sensible à la lumière ! Le contact de la roche, le bruit des machines, les odeurs… ça me plait ».

Une grande famille

Dans l’obscurité et la fraicheur des galeries, la chaleur humaine est une force ! Pas moins de 19 nationalités se côtoient sur le chantier de Maurienne, une ambiance très cosmopolite et un esprit de solidarité que souligne Anthony. Les 21 personnes sous sa responsabilité sont les mêmes depuis près de 18 mois, de quoi tisser des liens forts. Cet esprit bon enfant se retrouve chaque année le 4 décembre pour la Sainte-Barbe, cérémonie traditionnelle organisée pour honorer la protectrice des mineurs. « L’entrée des 2 galeries se transforme en un lieu de fête. C’est l’occasion de rompre avec la hiérarchie grâce au traditionnel coupé de cravate des cadres ! On est tous là pour s’amuser ». Marié et père de 2 enfants, Anthony réussit à conjuguer vie professionnelle et personnelle. Ses proches l’ont rejoint en Savoie en 2023. Installés à Epierre, tous profitent des plaisirs simples de la vie comme une balade en famille. Une fois les galeries de Saint-Julien-Mont-Denis terminées, Anthony partira pour de nouveaux horizons, à l’assaut d’un énième chantier. Une chose est sûre : il continuera à œuvrer dans les tunnels, sur les traces de son papa. « Je suis fier d’exercer le même métier que lui et d’entretenir ce précieux héritage ! ». 

Bio express

41 ans
Chef de chantier Lyon-Turin sur le tunnel bitube de Saint-Julien Montdenis  
Entreprise Implenia

Crédit : Fabrice Rumillat