Bio Express
36 ans/Bessans/Agriculteur
Pour croiser Sébastien, il faut aller le chercher. L’été, vous le trouverez à deux heures et demie de marche de Bessans, perché dans son alpage du Vallon. Au cœur de la Haute-Maurienne, il fabrique depuis 2011 un Beaufort dans lequel il met tout un savoir-faire traditionnel.
La passion et la volonté : voilà comment résumer la vie de Sébastien. En 2006, il reprend la coopérative de Bessans avec un ami et se perfectionne dans la fabrication du fromage. Mais ce touche-à-tout curieux et avide de défis ne veut pas se cantonner à l’agriculture. Il travaille d'arrache-pied dans la coopérative l’été et comme technicien au sein de l'équipe de France de biathlon l’hiver.
Comme dans tout ce qu’il entreprend, Sébastien se lance avec dynamisme dans la reprise de l’exploitation familiale en 2010. Il fait un double pari : fabriquer le Beaufort dans son alpage pour le vendre dans sa boutique à Bessans et accueillir les gens de passage pour une nuit. « Les promeneurs nous demandaient s’ils pouvaient boire un verre de lait, se mettre à l’abri... Beaucoup voulaient discuter, découvrir notre vie, assister à la traite des vaches à dix-sept heures. Mais comme il faut redescendre, ce n’était pas possible. »
Sébastien décide alors d’accueillir des visiteurs pour une nuit et de partager son quotidien. Traite des vaches, dîner, nuit au dortoir et fabrication du Beaufort commentée le lendemain matin. Les curieux de passage profitent de l’accueil de Sébastien, de Floriane, son épouse, et de Julien, leur associé. « J’ai toujours rêvé de faire ça, de rencontrer des gens, s'enthousiasme Sébastien. Avec notre vie, nous ne pouvons pas partir en vacances, alors nous faisons venir les gens à nous. C’est un véritable projet agrotouristique, dans le vrai sens du terme. » L’été prochain, un nouveau chalet, plus confortable que l’actuel, accueillera les visiteurs. C’est son combat : trouver le bon équilibre entre tourisme et agriculture.
Avec cette volonté d’agir chevillée au corps, il s’est engagé dans la démarche de l’alpage sentinelle aux côtés du Parc national de la Vanoise. « Nous faisons des relevés réguliers, nous mesurons la quantité d’herbe, la diversité de la flore… Nous remettons le pastoralisme au cœur de l’alpage, ce qui me semblait une évidence. » Les mesures de Sébastien mettent en lumière les modifications engendrées par le changement climatique, mais permettent aussi de s’adapter et de modifier les pratiques. Il insiste : « Nous revenons aux principes mêmes du parc : ce n’est pas que la faune et la flore, c’est aussi l’humain. Développer l'agrotourisme comme nous le faisons à l’alpage du Vallon permet de sensibiliser les gens à nos problématiques. Ils repartent en étant nos meilleurs ambassadeurs et nos meilleurs défenseurs : on ne peut protéger que ce que l’on connaît. »