Il n’a jamais aussi bien porté son nom… Claude Blanc s’est envolé le 26 octobre dernier pour le Pôle sud à plus de 20 000 km de la Savoie et de la Maison Technique du Département de Chambéry où il travaille comme mécanicien depuis 10 ans. Il a rejoint pour l’Institut polaire français (IPEV) la station de recherches franco-italienne Concordia pour une mission de 12 mois.
Localisation : 75°06’S / 123°21’E ; altitude : 3 233 m ; épaisseur de la glace : 3 300 m ; température moyenne : - 30°C l’été et -63°C l’hiver. C’est dans cette blancheur immaculée et ce froid polaire que Claude a choisi de vivre pendant un an. Originaire de la Haute-Loire, ce quinquagénaire est arrivé en Savoie en 1989 pour des raisons professionnelles et après 20 ans passés à Val d’Isère à bricoler les engins de travaux publics et de déneigement, il a intégré le Département, il y a 10 ans, sur les mêmes missions. « J’ai toujours été attiré par les milieux polaires et cela faisait plusieurs années que je lorgnais sur ce poste de mécano dans la station Concordia. Mes 3 enfants étant grands, j’ai senti que c’était le bon moment pour déposer ma candidature auprès de l’Institut polaire qui gère la station en partenariat avec le PNRA Italien, ainsi que ma mise à disposition. Après plusieurs entretiens et une journée à Paris pour faire des tests psychologiques et médicaux, mon dossier a été validé. J’ai enchainé les stages dont un de cohésion dans le Trièves en septembre dernier ». Le voyage en lui-seul a été une vraie aventure : au départ de Paris, direction l’Australie puis la Nouvelle-Zélande pour une petite pause quarantaine de 4 jours. Arrivée ensuite sur le continent Antarctique dans une station italienne avant de faire un dernier vol vers la destination finale, 1100 km plus loin, dédiée aux sciences extrêmes : astronomie, glaciologie, géomagnétisme ou encore médecine humaine pour étudier l’équipage en milieu confiné et hostile.
9 mois par an, pas un seul être vivant en vue à part les 12 personnes qui comme Claude font partie de cette mission 2022-2023. L’équipe dite d’hivernants est composée de 6 français, 6 italiens et un médecin autrichien de l’Agence spatiale européenne. Chacun arrive avec dans ses valises une compétence bien précise pour pouvoir vivre en autonomie et en sécurité sur le site. Claude, le mécano, est chargé de l’entretien des groupes électrogènes, du rechargement en neige de la machine qui fabrique l’eau potable mais aussi de l’entretien des extincteurs et des bâtiments. Il peut aussi être amené, en cas de besoin, à seconder le médecin ou le cuisinier. À la fin de l’hiver, il aidera à déneiger la station pour permettre aux appareils de ravitaillement d’atterrir. L’été, qui correspond chez nous à l’automne et l’hiver, la station peut accueillir jusqu’à 70 personnes, pour la plupart des chercheurs. Le reste du temps, la station n’est plus accessible, seuls les hivernants tiennent la maison ! « On est coupé du monde pendant de longs mois. Personne ne peut arriver ou partir. Tant qu’on n’a pas vécu ce genre d’expérience, on ne sait pas comment on va réagir face au froid, à la faible luminosité et les nuits à rallonge pendant 3 mois, au silence, à l’ambiance lunaire et à la vie de groupe. C’est un vrai saut dans l’inconnu ! Heureusement, nous pouvons garder le contact avec la famille grâce aux communications par satellite ».
Pour suivre les aventures de Claude, rendez-vous sur les réseaux sociaux du Département. Il partagera avec vous son quotidien en vidéo sous la forme d’un journal de bord.
Bio express :
54 ans
La Biolle
Technicien référent en véhicules industriels au Département de la Savoie
Cette station franco-italienne, habitée en continu, été comme hiver, depuis 2005, est opérée par l’Institut polaire français et le Programma nazionale di ricerche in Antartide. Elle est construite sur le site du Dôme C, sur une calotte glaciaire de 3300 m d’épaisseur qui permet, à travers des carottages de glace, de retracer le climat terrestre des années passées. Le forage EPICA a permis de lire le climat des 800 000 dernières années et les prochains carottages visent à dépasser le million d’années. En plus de son altitude élevée, la faible humidité de l’air, la faible pollution lumineuse et atmosphérique font d’elle le site idéal pour l’astronomie et les études de physico-chimie de l’atmosphère.
La station est composée de deux tours, l’une accueillant les activités « calmes » (chambres, laboratoires, hôpital …), l’autre les activités « bruyantes » (cuisine, séjour, salle de sport, ateliers …) et de bâtiments techniques. Pendant la campagne d’été, une partie du personnel est logée au camp d’été, un ensemble de bâtiments et de tentes situé à 500 m de la station. Autour, différents bâtiments hébergent des installations scientifiques.
Découvrez la station en vidéo :
Crédit : Claude Blanc