Les peintures murales de Cruet font leur entrée au Musée Savoisien !

écrit le 15 février 2023

Dernière ligne droite pour le Musée Savoisien qui voit arriver petit à petit les futures collections dans le bâtiment. Après la pirogue carolingienne, une ancienne télécabine de Courchevel et une salle de bain des Arc 1800, c’est au tour des peintures murales de Cruet d’emménager pour une résidence permanente. Il s’agit là du seul témoignage pictural de ce type présenté dans un musée français.

Ces peintures profanes du Moyen Âge ont été découvertes par hasard en 1985 lors de travaux au château de la Rive dans la combe de Savoie. La famille Chaland en a fait don au Musée Savoisien qui les a restaurées pour les exposer dès l’année 1988. Les peintures ont fait l’objet d’une nouvelle restauration en 1995 par l’atelier de Saint-Romain-en-Gal.

Des peintures au caractère exceptionnel

Elles racontent une histoire romanesque riche en combats de chevaliers, banquets princiers, trahisons, amours déçus, guerres épiques, portée par des personnages hauts en couleur. Les styles pictural, vestimentaire et d’armement permettent de dater ces peintures au début du 14^e siècle. Les travaux récents de l’historien de l’art Térence Le Deschault de Monredon montrent que l’histoire qu’elles racontent est tirée du roman de Girart de Vienne écrit par Bertrand de Bar-sur-Aube dans les années 1180.

Mis bout à bout, ces 12 panneaux se dévoilent sur 36 m de longueur et 1 m 97 de hauteur. Chaque panneau pèse entre 70 et 200 kg. Les peintures ont été collées sur un support en nid d’abeilles (aluminium avec fibre de verre et résine époxy) et les manques ont été comblés par un enduit neutre. Deux entreprises spécialisées, Alyte et Soudem, ont conçu et réalisé les systèmes de fixation sur rails de ces panneaux XXL. Trois restaurateurs sont mobilisés sur
l’opération d’installation qui a démarré le 6 février.

Une mise en valeur au Musée Savoisien dans une configuration proche de celle d’origine.

Ces peintures seront disposées au-dessus de l’accueil du musée, au niveau 1, avec la possibilité de les observer de près depuis une passerelle centrale. En entrant dans le musée, le visiteur les découvrira dans des conditions évoquant celles d’origine : elles se trouvaient en effet à 3 m de hauteur, dans une salle monumentale de proportions comparables à celles de l’accueil. Des fenêtres situées sous les peintures éclairaient cette pièce de la maison-forte, comme dans leur nouvel accrochage. Ces dispositions initiales expliquent le contraste recherché par le peintre entre les figures principales, aux contours marqués, et le fond clair : de cette manière, il en a accentué la lisibilité.

Ressources pédagogiques : vidéos et costumes complètent le décor !

Dans la salle adjacente à l’extrémité de la passerelle, au niveau 1, trois films courts seront proposés pour décrypter ces pièces exceptionnelles.
Le premier est consacré à l’histoire des peintures depuis leur découverte jusqu’à leur arrivée au musée dans leur présentation actuelle, sans oublier leur restauration. Le second présente le contexte de création de ces peintures, la manière de les dater ainsi que des éléments stylistiques et techniques. Le dernier film d’animation raconte l’histoire qui se déroule de scène en scène sur ces peintures au travers du roman de Girart de Vienne.

Le volet pédagogique intègre également des costumes inspirés par les personnages représentés sur les peintures. Les matières et techniques de fabrication de ces vêtements sont proches de celles du Moyen Âge au niveau de la teinture notamment, mais leur coupe a été modifiée pour en faciliter l’utilisation. Ils seront portés par le public lors de visites ou d’ateliers.

Un peu plus loin, dans le parcours de visite, au niveau de la thématique consacrée à l’habillement, des vêtements, inspirés le plus fidèlement possible des peintures de Cruet, et des documents d’archives de la cour de Savoie au début du 14^e siècle seront exposés. Un film court les accompagnera pour expliquer la reconstitution de ces vêtements et les spécialistes qui y ont pris part.

Sur ces projets vestimentaires, plusieurs professionnels ont travaillé pendant deux ans : Nadège Gauffre-Fayole, historienne et archéologue, spécialiste du vêtement à la cour de Savoie à la fin du Moyen Âge qui a produit la documentation utile au projet et réalisé les patrons ; Marie Marquet, archéo-ethno-botaniste, qui a teint les tissus avec les techniques employées au Moyen Âge et Isolde Kovalitchouk, couturière lyonnaise formée à l’école des Beaux-Arts.

Ouverture du Musée Savoisien, musée d’histoire et des cultures de Savoie le 29 avril 2023

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