Éducation, santé, loisirs, protection de la nature, solidarité, sport, insertion, culture ou encore coopération internationale : quand on veut s’engager bénévolement, le champ des possibles est très ouvert ! En Savoie, vous seriez entre 90 000 et 100 000 bénévoles au sein de quelque 10 000 associations, mobilisés pour donner un peu ou beaucoup de votre temps, partager vos savoir-faire, aider, transmettre vos connaissances, apporter du réconfort ou défendre une cause qui vous tient à cœur. Savoie Mag a recueilli le témoignage de 7 d’entre vous, femmes et hommes, retraités, jeunes ou actifs, engagés au sein de petites associations locales ou dans les antennes savoyardes de grandes structures nationales. Des expériences inspirantes qui vous encourageront peut-être à franchir le pas !
Saint-Jean d’Arves
Décapadiot
Je fais partie depuis sa création de l’association Décapadiot qui organise le festival du même nom à Val d’Arc en basse Maurienne depuis 2019. En tant que secrétaire, je gère tout l’administratif, les dossiers de subventions, le démarchage de partenaires ou les demandes diverses. Mais je suis bien sûr aussi mobilisée avec une centaine d’autres bénévoles au moment du festival en juin. À temps plein une semaine avant et une semaine après pour tout préparer et tout ranger. Et les deux jours J, je suis de l’équipe volante, celle qui gère tous les imprévus. C’est beaucoup de temps mais toujours dans la rigolade et la bonne humeur. On entretient l’esprit festif à la façon d’un Décapadiot (*) !
(*) en patois savoyard : celui, peu habile, qui décroche les diots pendus au plafond des caves.
C’était autour d’un barbecue en 2018 au bord du lac de Saint-Alban d’Hurtières après un tournoi de beach volley qu’on avait organisé avec des amis sapeurs-pompiers volontaires comme moi. Ce genre de moment où on lance des idées comme ça ! Ils m’ont demandé : Tu es de la partie ? J’ai dit oui… On n’imaginait pas toute l’énergie qu’il faudrait y consacrer, mais un an à peine après, on organisait notre première édition !
Mon meilleur souvenir, c’est le moment où, pendant le festival 2022, je suis devant la scène, que je danse et que je profite du concert. On peut lâcher la pression et apprécier concrètement le résultat de nos efforts !
Quand je suis arrivée de mon Alsace natale en Maurienne en 2016, j’avais besoin d’être dans une dynamique. Avec mon cercle d’amis, on avait envie de bouger la vallée ! Il faut croire que ce besoin était partagé et que notre enthousiasme a été communicatif parce que les élus, nos partenaires et les festivaliers ont très vite adhéré à notre concept.
Je suis plutôt de nature introvertie mais cette expérience d’organisation d’un festival me permet de prendre confiance en moi, jusqu’à monter parfois sur scène pour gérer les temps entre les concerts ! Si on ajoute à cela les retours hallucinants des festivaliers et la fierté dans le regard de ma maman venue spécialement d’Alsace pour le festival, mon engagement est largement récompensé…
Avoir l’esprit d’équipe car si tout seul on va souvent plus vite, à plusieurs on va toujours plus loin ! Et il y a toujours quelqu’un pour vous tirer vers le haut…
Amusement !
62 ans
Grésy-sur-Isère
Bénévolat qui date de quelques mois, après son départ en retraite
Je suis bénévole au sein de l’association Parrains par mille qui propose d’accompagner des enfants pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Je suis donc, depuis quelques semaines, la Marraine d’un jeune garçon de 16 ans, mineur non accompagné. On a d’abord fait connaissance dans le foyer qui l’accueille, en présence des éducateurs et de l’association avant de valider tous les deux qu’on était partant !
Le rôle des parrains ou marraines est de consacrer du temps à notre filleul(e), pour échanger, partager des activités, en fonction de ses besoins. C’est au minimum une demie journée tous les 15 jours. Nous, on a choisi de se voir sur des temps plus longs, une journée complète, voire un week-end. Mais bien sûr, en dehors de ces temps, on s’appelle régulièrement et on s’envoie des textos !
Après m’être beaucoup investie dans mon travail, je ne pouvais pas m’imaginer inactive à la retraite ! Alors, un peu avant l’échéance, j’ai tapé « Savoie » sur le site de France Bénévolat et je me suis baladée dans les pages des associations qui recherchaient des bénévoles. C’est comme ça que je suis tombée sur Parrains par mille, dont la raison d’être fait écho à ma carrière professionnelle.
C’est un souvenir encore très récent ! Mon filleul vient d’un pays d’Afrique et l’unique connaissance des Alpes qu’il avait, c’était le Mont-Blanc. Alors, pour notre première journée passée ensemble cet été et sans l’avoir planifié à l’avance, mon mari et moi l’avons emmené voir le Mont-Blanc pour de vrai depuis les Saisies. C’était un émerveillement de se trouver là et l’occasion aussi de voir que les Alpes, ce n’était pas que cette référence mythique !
Je me suis engagée dans cette mission bénévole parce qu’elle fait sens pour moi et qu’elle fait écho à ce qui me fait vibrer : les relations humaines et le désir d’éveiller à des envies constructives ceux qui ont été cabossés par la vie…
La satisfaction de voir que mon filleul évolue : il s’ouvre, avance, s’accroche à sa scolarité et ça marche ! Son parcours si jeune et ses ressources pour se construire un avenir, ça nous donne aussi une sacrée leçon de vie !
Dans mon rôle de marraine, l’important est d’être ouvert(e) à la relation, à l’écoute et sans jugement. Ne pas idéaliser son rôle non plus car ça ne marche pas à tous les coups !
Bien-être
Chambéry
Banque alimentaire de Savoie
Comme je suis lycéenne, c’est sur le temps des vacances scolaires que j’apporte mon aide à la Banque alimentaire depuis l’automne dernier. En général sur 1 semaine, tous les matins. À ces moments-là, on se retrouve généralement entre jeunes bénévoles pour trier les produits, faire les tournées pour récupérer les marchandises, livrer les associations bénéficiaires ou préparer les commandes. Comme la plupart des bénévoles réguliers sont des retraités, on peut les soulager des tâches les plus physiques. Et même si c’est un travail fastidieux, on le fait toujours dans la bonne humeur et je crois qu’elle est communicative !
J’ai fait un stage en 2021 au sein de l’association et j’en gardais un bon souvenir. Cette fois, c’est dans mon parcours de Service national universel (SNU) que j’ai choisi d’y retourner parce que, même si je ne suis pas au contact des bénéficiaires, j’ai le sentiment de leur apporter vraiment une aide et d’être utile. C’est un engagement qui a un impact concret et ça compte beaucoup pour moi.
Un très court briefing et ça a commencé directement avec 4h de tri de bouteilles de sirops ! Comme les tâches ne nécessitent pas de compétence particulière, il n’y a pas vraiment de temps d’apprentissage ou d’adaptation. Ici tout le monde s’active, on se met vite dans le bain : il faut dépoter !
Hors contexte, les tâches peuvent paraître rébarbatives. Mais c’est largement compensé par les moments de convivialité qu’on partage et pas seulement entre jeunes. On a souvent des discussions très drôles avec les bénévoles plus âgés.
Il faut être motivé sinon on ne fait pas les choses bien et positif car ici, on travaille dans la bonne humeur ! L’avantage, c’est que c’est à la portée de tous car il n’y a pas besoin de connaissance particulière pour bien faire…
J’ai le sentiment de faire quelque chose de bien et c’est une source de satisfaction personnelle. On prend aussi conscience du confort dans lequel on vit et que d’autres n’ont pas. À mon âge, ce n’est pas simple d’envisager un engagement bénévole sur la durée car mes études vont m’amener à bouger, mais je sais que cette expérience me donnera envie de m’engager à nouveau plus tard. Elle m’aura aussi permis de belles rencontres, des gens de tous âges et de tous horizons que je n’aurais pas croisés dans mes réseaux habituels de lycéenne.
Gilet orange !
Saint-Alban-de-Montbel
Multiactivités du lac
J’ai créé en 2013 cette association affiliée à l’UFOLEP, l'Union française des œuvres laïques d'éducation physique. Objectif : faire du sport un outil d'éducation pour tous. Jeunes comme adultes bénéficient d’activités hebdomadaires ou ponctuelles, du biathlon au ski en passant par le futsal, l’athlétisme, la gymnastique ou encore le handball. En haute saison, quand j’accompagne les jeunes au ski, je donne près de 10 heures de mon temps par semaine. Sinon, mes tâches administratives me prennent 3 heures/semaine. Je gére le calendrier des activités, leur encadrement, les adhérents et travaille en lien avec les élus et acteurs clefs du territoire.
J’ai toujours baigné dans le bénévolat via mes parents. C’est donc tout naturellement que je me suis engagée à mon tour, en donnant mon temps, mes idées et mon énergie. Etant professeur des écoles, j’aime partager, transmettre et œuvrer pour le bien-être des jeunes notamment. S’engager, c’est toujours aller de l’avant.
C’est plutôt une image : celle des enfants sur une piste de ski, de leur sourire et de leur bonheur. C’est trop mignon de voir les petits de 4 ans, pas plus hauts que 3 pommes, glisser sur la neige fraiche.
Nous vivons des moments exceptionnels et partageons des liens forts avec les enfants leurs familles. Grâce à l’association et l’implication de chacun, on est devenu une grande famille.
Bonheur
70 ans
Mercury (association sur Ugine)
Bénévolat depuis 40 ans dans l’association
Je suis présidente bénévole du musée d’arts et traditions populaires du Val d’Arly section de l’Amicale Laïque d’Ugine. Notre mission est de collecter, sauvegarder et valoriser les objets du patrimoine rural du Val d’Arly couvrant la période du XIXème et début du XXème siècle. L’essentiel de la collecte a été fait dans les premières années de l’association vers 1980. Les objets sont exposés par thèmes dans le château du Crestcherel dont la partie la plus ancienne date du XIIIème siècle.
En plus, en tant que présidente, je coordonne et anime notre groupe de 10 bénévoles qui s’efforce de trouver des animations pour valoriser les visites. J’y consacre quasiment un plein temps soit une trentaine d’heures par semaine. Le musée est le seul du réseau des musées et maisons thématiques de Savoie dont l’animation est gérée par des bénévoles. Dans tous les autres musées du réseau, il y a un salarié spécialiste de l’animation.
Passionnée de danse folklorique, je faisais partie pendant mes études de dentiste du groupe folklorique d’Ugine. J’y ai alors rencontré des gens qui faisaient partie de l’association du musée et je me suis tout de suite intéressée à ce qu’ils faisaient. Je n’ai pas tardé à entrer dans l’association…
C’est l’inauguration du musée. Avant, nous ne pouvions présenter que des sélections d’objets à l’occasion de quelques expositions temporaires. Avec l’installation dans la maison forte, toute la collection devenait visible par tous et de façon pérenne. Un grand moment pour moi !
Motivations : Dans l’immédiat, il y a peu de bénévoles dans l’association. En 2018, le musée avait fermé ses portes au public, pour des raisons financières. Je suis présidente depuis 5 ans et nous avons réussi à rouvrir au public tous les étés malgré la crise du Covid.
J’ai plaisir à faire ce travail car je fais en permanence des découvertes sur le fonctionnement des musées, la façon d’animer les visites, la communication, etc.
C’est de voir les gens lorsqu’ils quittent le musée : ils sont enchantés, les adultes comme les enfants. Et ça, c’est extraordinaire pour moi, mais aussi pour toute l’équipe. On est content et ça nous galvanise pour un travail qui demande beaucoup d’énergie.
Je dirais qu’il faut ne pas économiser son temps et savoir travailler en transversalité : toujours rechercher et entretenir le contact avec d’autres associations, les maires, les collectivités, etc. Ne pas rester dans son coin !
Générosité
72 ans
Challes les Eaux (résidence)
Bénévole depuis 1967
Je suis co-président de Savoie Mont Blanc Angels dont je suis un peu le « gardien du temple ». Je coordonne l’action des 165 industriels à la retraite ou actifs qui assistent les start-up des deux Savoie dans leur recherche de financements complémentaires à ceux des banques. On le fait par le biais d’achat d’actions dans ces entreprises. J’y consacre 24/h par semaine environ. On pourrait penser que c’est usant, mais pas du tout : ça me redonne au contraire une seconde vie !
C’est lorsque en 2003, avec le Chapiteau Théâtre Compagnie que j’ai fondé en 1998, nous avons rempli pour la première fois la salle. Ça jouait même des coudes pour pouvoir entrer ! Il n’y avait pas de place pour tout le monde !
Elles sont multiples : soutenir l’innovation déjà, mais aussi être utile à la société. Je crois que j’ai un peu une vocation innée à servir et que, en dépit des apparences, ça manque un peu dans notre société. Je cherche aussi à occuper mon temps libre, avoir une vie sociale. En tous cas, je trouve ce que je recherche dans mon engagement. Je n’ai aucun regret.
La tentation de l’autoritarisme. Quand on est fatigué et que l’on a tendance à s’énerver, on oublie parfois que nos collègues sont aussi des bénévoles et on peut se laisser aller à l’autoritarisme là où en fait il faudrait savoir les motiver.
Servir…et humanisme !
42 ans
Cognin
Bénévolat depuis 2007, date de la création de son association
Je suis le président fondateur de l’association Patrimoine sauvage. Son objectif est depuis l’origine de protéger les amphibiens migrateurs, d’éviter les massacres dont ils sont victimes en traversant les routes lors de leur migration. Nous avons ensuite élargi notre champ d’action à la sensibilisation du public, mais aussi en participant à la réflexion dans des dossiers environnementaux portés par les collectivités, notamment à l’occasion d’enquêtes publiques. En tant que président, j’anime un bureau de 5 personnes : nous élaborons des programmes et nous mettons en œuvres des chantiers comme l’installation de filets de protection anti-écrasement pour les amphibiens au col de la Crusille.
Cela me prend 3 h par semaine environ, ce qui est plus compliqué aujourd’hui. A l’origine nous étions des jeunes actifs dynamiques mais maintenant nous sommes des pères de familles avec plus de difficulté pour dégager du temps…
J’ai depuis toujours été passionné par la nature dans laquelle j’ai baignée durant toute mon enfance passée dans le Bauges. A la fin de ma maîtrise environnement en 2003, et faute de continuité dans ma formation, je ne voulais pas couper les ponts avec ma passion et j’ai fait un stage de protection des amphibiens. C’est là que je me suis pris de passion pour ces animaux tout en prenant conscience de l’impact désastreux de la circulation sur leur population. Il n’y avait rien en Savoie pour lutter contre ça. J’ai donc décidé de passer à l’action en créant 4 ans plus tard cette association.
Il y en a peut-être deux. Le chantier de la Crusille d’abord alors que nous posions ensemble des filets de protection dans des conditions difficiles. Mais c’était chaleureux. Et aussi à l’étang du Lavet à Saint Sulpice : voir les grenouilles se jeter par centaines dans nos filets sauveurs... Là, j’ai vraiment pris conscience de la valeur de notre engagement !
La vraie raison, c’est mon amour de la faune sauvage avec en face l’indifférence des gens à ce qu’on lui fait subir. Voir tous ces animaux mourir dans l’indifférence presque générale génère en moi un profond sentiment d’injustice
Voir qu’après 15 ans d’engagement, on est allé collectivement au bout de ce qu’on voulait, à savoir la réalisation d’un dispositif de passages sous route afin d’assurer cette protection dans la durée, sur les 2 sites que nous suivions. L’obtention en 2012 du trophée développement durable du Département a ajouté la reconnaissance de l’efficacité de notre travail.
Être passionné, car il faut donner du temps alors que celui-ci nous est compté, et, en tant que président, être persévérant, pour faire aboutir les projets imaginés collectivement.
Décider de tout tout seul. Ça nuit à la cohésion et à la motivation du groupe.
La transmission (d’une passion)
PAROLE D'ELUS
Hervé Gaymard
Président du Conseil départemental de la Savoie, Conseiller départemental du canton d’Albertville 1
"Le dynamisme des associations savoyardes est remarquable, comme la diversité de leur action que le Département s’attache à soutenir. Nous le devons d’abord aux bénévoles, sans lesquels rien ne serait possible et dont les associations ont grand besoin aujourd’hui. Par définition, leur travail est inestimable. Si celui-ci était quantifiable, sans doute se rendrait-on mieux compte qu’ils sont des acteurs essentiels des dynamiques locales et l’un des socles du vivre-ensemble ! Pour cela, nous devons à chacune et chacun d’entre eux des remerciements chaleureux."
Les associations ont besoin de vous : la dernière étude France Bénévolat (janvier 2022), réalisée par l’IFOP, avec le soutien du Crédit Mutuel et l’appui de Recherches & Solidarités, montre que la diminution du bénévolat qui s’esquisse depuis 2016 a été fortement accentuée par la pandémie. Et la Savoie ne fait pas exception à ce constat… Plus de 200 missions sont identifiées en Savoie sur le site de France Bénévolat. Quels que soient votre profi l, vos motivations, vos disponibilités ou vos savoir-faire, il y a forcément au moins une mission près de chez vous qui correspond à vos aspirations !
Rendez-vous sur www.francebenevolat.org pour consulter l’ensemble des annonces.
Vous pouvez aussi contacter directement le centre local France Bénévolat Savoie :