Frédéric Vidoni, le maître des engrenages !

Natif de Chambéry, cet artisan en mécanique d’art a installé en 2013 son atelier dans un endroit unique tout comme son savoir-faire. C’est dans la maison ronde (ou champignon !) créée par un architecte suisse à Apremont, au pied de la Chartreuse, qu’il laisse libre court à son imagination et donne vie à ses machines venues d’un autre temps. La mécanique de précision, c’est son dada depuis tout jeune, ce qui le conduit à l’école nationale d’horlogerie de Cluses. Pourtant, après son bac, il s’oriente vers des études en énergies renouvelables sur Grenoble puis met un pied dans la vie active en tant que technicien dans le bâtiment. « Mais une fois à la maison, j’avais la tête ailleurs, dans le monde des automates. J’ai réalisé 3 spécimens que j’ai présenté en 1992 au Musée des automates de Grenoble notamment ». Son travail plait ce qui le décide à se lancer dans cette aventure pour le moins atypique !

Des œuvres en mouvement

« La mécanique d’art c’est donner l’illusion du vivant. On essaie de faire au plus simple pour reproduire un mouvement fluide et naturel en programmant, grâce à une pièce appelée came, les amplitudes et la fréquence du geste. En mode restauration, je dois respecter l’œuvre, son créateur, les matériaux et la technique d’origine ».  Et ça peut prendre des heures de recherches, 6 mois par exemple pour le tableau du 19^e siècle, propriété du Musée de la musique mécanique des Gets, qui représente une scène animée d’un village de montagne au bord d’un lac. Le travail minutieux de Frédéric lui a permis d’obtenir en 2021 le 1^er prix du concours national des Ateliers d’Art de France dans la catégorie patrimoine. « Ça été une belle surprise pour moi, la reconnaissance d’un savoir-faire et le plaisir de se voir exposer au Carrousel du Louvre ».

Il a plus d’un tour dans sa manche !

Les techniques du 18^e siècle et les outils anciens utilisés par le Savoyard tels que le tour mécanique ou le tour d’horloger lui servent également pour ses créations contemporaines. « Je travaille aussi bien sur de la fibre de carbone que sur de la porcelaine, du bois, de la nacre ou encore de la corne. La pièce dont je suis le plus fier ? Sans hésitation le canard sur lequel j’ai planché 1 000 heures, en hommage au grenoblois Jacques Vaucanson ! Il synchronise 10 mouvements depuis les battements du cœur et des ailes jusqu’au bec qui s’ouvre pour souffler une flamme ».  Taille, style, matière, Frédéric ne se donne aucune limite. La preuve avec ce funambule grandeur nature qui s’éponge le front durant sa progression en plein cœur du Musée Grévin où il s’est montré en spectacle pendant plus de 10 ans. Ou encore le fameux Topazus, un magicien vêtu d’une robe de velours et orné de 4 pierres fines. Sa prestation a de quoi faire tourner la tête. Et n’oublions pas les oiseaux siffleurs, une prouesse qui donne des ailes.

À fleur de mécanique…

Les émotions se bousculent à la vue des dizaines d’œuvres qui ont pris vie entre les mains de Frédéric. Les commandes arrivent de partout en France mais aussi de Suisse, Belgique, Irlande : des musées, des marques de luxe, des collectionneurs, des entreprises, une personne en situation de handicap pour la création d’une interface de manipulation, et parfois, trop peu au goût de Frédéric, des collectivités comme la mairie de Barby qui dans le cadre du 1% artistique s’est dotée d’une sculpture de 5 oiseaux en plein envol.  Poète des temps modernes, Frédéric Vidoni incarne à la perfection la mécanique d’art classée depuis 2020 par l’UNECSO au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Envie de découvrir l’atelier et les œuvres de Fréderic Vidoni ? Rendez-vous chaque année fin mars, début avril, lors des Portes ouvertes qu’’il organise à l’occasion des Journées des métiers d’art.

+ d’infos : Fredericvidoni.com

BIO EXPRESS

59 ans
Apremont
Automatier-cinéticien

Crédit : Fabrice Rumillat