Entre tradition et modernité, la filature Arpin n’a pas pris une ride ! Elle est gardienne, depuis 8 générations, d’un savoir-faire ancestral en Haute Tarentaise : le tissage. Les premiers ateliers créés en 1771 à Montvalezan ont été transférés en 1817 à Séez. Depuis, ils n’ont pas bougé, colportant des produits de qualité issus d’une laine désormais 100 % savoyarde !
Cette entreprise, classée au Patrimoine Vivant, en a parcouru du chemin depuis plus de 200 ans ! Tout commence avec Alexis et Jean-Baptiste, deux membres de la famille Arpin, qui installent près du torrent le Versoyen des métiers à tisser fonctionnant avec une roue à aube. Aujourd’hui, les 14 machines centenaires tournent à l’électricité mais n’ont rien perdu de leur charme ni de leur ferveur ! Elles battent, mélangent, ourdissent, filent, tissent, tondent et foulonnent la précieuse matière première qu’est la laine. Pas moins de 24 étapes sont nécessaires à la création du fameux drap de Bonneval qui a fait la réputation de la filature. Adapté aux hivers rigoureux en montagne, ce drap imperméable, isolant, respirant… a été copié mais jamais égalé ! D’autres variétés d’étoffes complètent la collection : le drap de Savoie, la muletière, étoffe plus épaisse, et le tissu des Alpes, une laine grattée particulièrement douce. Ces draps prennent vie dans les ateliers de confection pour se transformer en vêtements et accessoires de maison.
13 personnes travaillent aujourd’hui à Séez et dans les antennes d’Albertville et de Chamonix. Depuis le battage de la laine pour l’aérer jusqu’au passage entre les mains expertes des couturières, il faut près de 2 mois de travail. Chaque employé met du cœur à l’ouvrage pour transformer une matière première brute en étoffes, plaids, coussins et vêtements de qualité. Des produits haut de gamme qui ont conquis une clientèle française mais aussi étrangère, depuis les particuliers jusqu’au monde de la haute couture (Hermès, Ralph Lauren ou encore Castelbajac) en passant par les hôtels de luxe dans les stations de ski.
Née au cœur des Alpes pour faire face à un climat rude, la Maison Arpin a habillé dès 1821 la compagnie des guides de Chamonix. En 1830, elle crée le pantalon knicker qui équipera des générations de montagnards, de militaires et d’aventuriers. Un peu plus d’un siècle plus tard, c’est Paul-Émile Victor et ses expéditions polaires qui évolueront bien au chaud, drapés dans des vêtements « qui s’usent moins vite que la peau qu’ils protègent » selon les dires du célèbre explorateur. Toujours plus haut, toujours plus fort, Arpin fournira même les tenues des membres du CIO des Jeux olympiques d’Albertville en 1992!
Après 30 ans à se fournir en laine auprès de négociants, la filature Arpin a renoué avec ses premières amours. Depuis 4 ans, elle travaille avec le syndicat ovin de la Savoie. Explications de Fernando Almeida, directeur de production.
« Pour des raisons écologiques et de traçabilité, on se fournit exclusivement en Savoie auprès d’une trentaine d’éleveurs situés en Maurienne et en Tarentaise. Cela permet de valoriser cette laine, de ne plus la considérer comme un déchet mais comme une matière noble. Un partenariat gagnant/gagnant car les éleveurs y trouvent un débouché nouveau. Les races qui correspondent parfaitement à nos critères, à savoir la finesse, la couleur et la longueur de la fibre, sont la Blanche du Massif central, l’Ile de France, la Lacaune et la Préalpes. On récolte chaque année environ 11 tonnes de laine qui partent en Italie au mois de février pour être lavées et nous être restituées en septembre. J’ai la chance de travailler avec des passionnés. Le résultat se voit dans les yeux de nos clients qui n’hésitent pas à caresser le tissu et même à le sentir… Il fleure bon le savoir-faire savoyard ! »
Le site Arpin à Séez se visite ! Renseignez-vous au 04 79 09 49 27
Crédit : Filature Arpin