Éboulements à La Praz fin août, à la sortie du tunnel des Échelles et à Bramans cet automne, coulées de boue, inondations, glissements de terrains consécutifs aux fortes précipitations de novembre et décembre : ces derniers mois ont confirmé que les routes savoyardes étaient particulièrement exposées aux risques naturels. Sur les 3 143 km gérés par le Département, plus de 2 000 sites sensibles sont identifiés. Une réalité qui exige des moyens importants pour garantir votre sécurité.
Avec plus de 900 km de routes situés à plus de 1 000 m d’altitude, les risques naturels sont fortement associés à l’environnement montagnard et à ce qu’il induit : altitude, pente, géologie, alternance gel/dégel, chutes de neige, torrents, etc.
Un risque naturel se définit comme la probabilité qu’un événement ponctuel d’origine naturelle se produise avec des effets et conséquences sur les populations et les infrastructures. Altitude, pente, géologie, relief, réseau hydrographique… La Savoie est principalement exposée à des aléas naturels liés à son relief montagneux et au climat : des crues liées à la pluie, des avalanches à la neige, des glissements de terrain à la nature des roches, à la pente, à l’eau, etc. Le risque est plus marqué l’hiver, mais les effets du réchauffement climatique contribuent ces dernières années à une multiplication des événements catastrophiques toutes saisons.
Déclenchée par des précipitations météorologiques violentes, elle entraîne l’écoulement d’éboulis meubles et de blocs de rochers sur un terrain raide, suivant généralement des torrents existants.
Comment réduire le risque ?
Curage, ouvrage de franchissement, plage de dépôts.
Submersion des terrains avoisinant le lit d’un cours d’eau.
Comment réduire le risque ?
Digues, enrochements.
Mouvement de masse de roches, de débris, de terre ou de boue provoqué par la déstabilisation l’érosion, de la fonte des neiges, de mouvements géologiques ou de précipitations.
Comment réduire le risque ?
Entretien des ouvrages d’assainissement, drainage, génie végétal, reprofilage de route, murs de soutènement.
Mouvement rapide sous l’effet de la pesanteur d’un volume de neige sur une grande pente, provoqué par une rupture d’équilibre dans le manteau neigeux.
Comment réduire le risque ?
Déclenchement préventif, génie végétal, claies, rateliers, filets paravalanche, galerie, tunnel.
Mouvement d’éléments rocheux, pierres ou blocs isolés, sous l’action de la gravité.
Comment réduire le risque ?
Purge, minage, filets et écrans pare-blocs, ancrages, casquette, tunnel.
Celle d’une collectivité fortement engagée pour la sécurisation de ses routes départementales, comme en témoigne sa mobilisation dès les années 1980 dans le programme routier associé aux Jeux olympiques de 1992, puis dans le Plan Qualité Routes (2000 -2006) ou dans la réalisation de l’Autoroute de Maurienne. Un sujet d’enjeu départemental, qui justifie que, pour ces investissements d’envergure, tout le monde ait mis la main au portefeuille : État, Région, Département, communes supports de stations.
Parole d’élu
Olivier Thévenet, Vice-président délégué aux infrastructures
Conseiller départemental du canton de Saint-Pierre d’Albigny
"En Savoie plus qu’ailleurs, la gestion et l’entretien de nos routes est un défi tant le réseau dont nous avons la charge est atypique et exigeant ! Notamment au regard des risques spécifiques associés à la montagne auxquels il est soumis et dont témoigne par exemple la succession d’événements survenus il y a quelques semaines. Dans ce contexte de crise comme au quotidien, le Département peut compter sur l’expertise et la réactivité de ses agents, collectivement mobilisés pour assurer votre sécurité sur nos routes. C’est cet impératif qui guide nos décisions, notamment celles de fermer certains itinéraires jugés dangereux."
Une équipe d’experts tout terrain !
À géographie atypique, moyens importants :
Plus de 2 000 ouvrages protègent les routes savoyardes des risques naturels dont :
Anne Lescurier
Cheffe du service risques naturels à la Direction des infrastructures du Département de la Savoie
« Bien sûr, nous sommes organisés pour être en capacité de réagir très vite si un événement se produit ou menace de se produire. Mais pour rendre notre infrastructure routière plus sûre, la priorité c’est de connaître le plus précisément possible les sites à risque. Que ce soit les agents du service risques naturels ou ceux répartis dans nos maisons techniques, nous avons tous une bonne connaissance des secteurs concernés et une très bonne connaissance de l’état des ouvrages de protection. Tout est répertorié dans une base de données, régulièrement mise à jour depuis près de 20 ans. Cette traçabilité est essentielle. Nos ouvrages de protection font l’objet de visites : contrôle visuel des ouvrages linéaires et de surface tous les 2 ans et visite détaillée de chaque ouvrage tous les 6 ans. Elles sont réalisées par nos agents pour entretenir la connaissance de leur emplacement et de leur état. La visite et l’entretien des déclencheurs d’avalanche, situés entre 2 000 et 3 000 m d’altitude, sont sous-traités à des entreprises spécialisées. Au-delà de la gestion ponctuelle des crises, notre métier est de veiller à la sécurité des routes au quotidien ! »
Minute par minute… avec Marie-Claire Barbier
Maire de Chindrieux, vice-présidente du Conseil départemental
« Sur ce genre d’événement, la mobilisation commence bien en amont lorsque je reçois les alertes du service de surveillance Vigicrues. Sur le terrain, les informations me sont remontées via les agents départementaux des routes qui patrouillent de jour comme de nuit. Je les fais suivre aux 7 autres maires de Chautagne et à la cheffe de corps des pompiers du secteur. Sur l’épisode du 2 décembre, nous avions senti le vent tourner et mesuré la gravité de la situation. Comme pour le 15 décembre, j’ai déclenché le Plan communal de sauvegarde qui nous permet d’être encore plus vigilants auprès des personnes fragiles, seules, âgées ou malades. Mi-décembre, sur la 3e crise, nous étions bien inquiets car le lac ne cessait de monter et les routes se fermaient les unes après les autres. Le hameau de Châtillon s’est retrouvé isolé et plusieurs habitations ont été inondées du côté de Vions et Portout. J’ai pu communiquer en temps réel avec les habitants grâce à nos réseaux sociaux et à une application dédiée qui a connu un fort succès. Pour les transports scolaires, un vrai travail d’équipe avec l’ensemble des acteurs a permis d’optimiser les circuits emmenant les élèves. On a essayé de maintenir le service au maximum et en toute sécurité. »
Minute par minute… avec Stéphane Lambert
Directeur de la maison technique départementale de Tarentaise
« En plaine, quand les réseaux d’eaux pluviales sont saturés, ça stagne, alors que chez nous, en zone de montagne, l’eau dévale les routes ou fait gonfler les ruisseaux et rivières. Elle vient éroder et fragiliser des secteurs côté talus ou côté montagne. Cela peut entraîner des effondrements de murs de soutènement de route ou des chutes de blocs rocheux sur la chaussée. Pour affiner les prévisions météo et cerner la gravité de l’événement qui se prépare, j’appelle l’équipe de Météo France basée à Bourg-Saint-Maurice. Je pré-alerte mes équipes et j’organise le planning pour m’assurer des moyens techniques et matériels nécessaires. Notre objectif : tout faire pour éviter de fermer des routes et d’isoler des villages. Pour cela il faut avoir les yeux sur le terrain ! On patrouille pour repérer les zones sensibles, déboucher les grilles d’évacuation d’eaux pluviales encombrées. Pas simple quand on sait qu’il y a 4 800 ouvrages d’assainissement sur mon territoire ! Dans l’urgence, on dégage les chaussées des gravats qui pourraient les encombrer et on pose, si besoin, des blocs de sécurité temporaires le long de la route. Je suis très fier des 100 agents permanents et 70 saisonniers qui composent mes équipes. En plus de leurs missions quotidiennes de viabilité hivernale et d’entretien courant, ils ont su se mobiliser sur 160 événements en Tarentaise dont 80 qui ont nécessité des actions fortes. »
Crédit : vuedici