Débutée le 21 août 1944 à Aix les Bains, et très rapide pour les principales villes, la libération de la Savoie va finalement prendre plusieurs mois. Retour en 6 documents sur les traits les plus saillants de ce moment fort de l'histoire de la Savoie.
La Libération, c’est avant tout des combats ; les nazis n’ont pas fui, ils ont même beaucoup résisté par endroits. La Résistance, qui s’unifie progressivement, effectue de nombreux sabotages et multiplie les opérations de harcèlement. Elle se renforce petit à petit grâce aux nombreux ralliements et aux parachutages alliés et ce jusqu’à l’arrivée de l’armée régulière qui scelle défi nitivement le sort de la guerre en Savoie.
Parachutage de 864 conteneurs d’armes, de munitions, de matériels mais également d’un commando américain au col des Saisies le 1er août 1944. Crédit : Archives départementales de la Savoie 74F
Immense soulagement pour les Savoyards, la Libération survient après 4 longues années d’oppression. Dans chaque localité, ce seront aussi d’intenses moments de joie même si le prix à payer sera parfois lourd. En 3 semaines, l’occupant nazi est repoussé hors de la Savoie même s’il faudra attendre le printemps 45 pour dénicher les derniers Allemands de certaines crêtes frontalières.
Aix-les-Bains est la première ville de Savoie libérée, sans difficulté, donnant lieu à des défilés et de nombreuses scènes de joie.
La population acclame des résistants défilant dans Aix-les-Bains. Crédit : Archives communales Aix-les-Bains
Le lendemain, c’est au tour de Chambéry d’être libérée. Même s’ils offrent assez peu de résistance, les Allemands laisseront tout de même le corps de plusieurs otages assassinés derrière eux.
Le général de Gaulle en visite à Chambéry le 5 novembre 1944, ici rue de Boigne devant le Château des ducs de Savoie. Crédit : Archives départementales de la Savoie 1J351 1
Après la libération d’Albertville le 23, la suite des opérations va être beaucoup plus difficile, l’ennemi se ménageant une possibilité de fuite vers l’Italie. Pendant tout le mois de septembre, les vallées vont vivre des moments douloureux : de lourdes pertes dans les forces combattantes mais aussi de nombreuses exactions commises par les Allemands, notamment en Maurienne. Il faudra attendre le printemps pour réduire les dernières poches de résistance sur les crêtes frontalières auxquelles s’accrochent avec acharnement des troupes d’élite expérimentées.
Le 31 août 1944, des maquisards passent le col de Chavières afin de participer à la manœuvre d’encerclement de Modane et de libérer ainsi la Maurienne. Crédit : Musée Savoisien
En dehors des combats proprement dits, et des dommages dits collatéraux (bombardements alliés entre mai et juillet 44, à Chambéry, Saint-Michel-de- Maurienne et Modane), la société civile en Savoie a beaucoup souffert. Les Allemands, le plus souvent aidés par les miliciens, ont commis de nombreuses exactions contre les maquisards et les civils : rafles, internements, déportations, mais également exécutions sommaires, massacres, maisons et villages incendiés. Mais aussi pour finir l’épisode peu glorieux de l’épuration.
En octobre 1944, Lanslevillard est incendié par les Allemands. Le feu durera plusieurs jours détruisant plus de 100 maisons, l’ennemi laissant de nombreuses victimes derrière lui. Crédit : Archives départementales de la Savoie 3Fi 1010
Le rétablissement de la légitimité républicaine prendra du temps et le CDL (Comité départemental de libération), installé à Chambéry au lendemain de sa libération, après avoir maintenu l’ordre et réorganisé partiellement la vie publique, laissera les rênes du pouvoir au gouvernement légal tel que voulu par le général de Gaulle.
Affiche du Conseil National de la Résistance et du Comité Départemental de Libération de Savoie du 12 octobre 1944. Extrait : « Aujourd’hui, le Gouvernement Provisoire de la République Française couvre de son autorité l’ensemble du territoire national. C’est à son représentant local, le Préfet, qu’incombe la lourde charge d’administrer le département. Pour l’accomplissement de sa tâche, le Préfet trouve l’appui le plus solide dans le Comité Départemental de Libération qui reste son meilleur auxiliaire. » Crédit : Archives départementales de la Savoie 10J 3
Savoie 1944-1945 : une longue libération
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