C’est à 1 mètre de profondeur, dans le hameau du Replat à Aime-la-Plagne, que se cachait une nécropole datant du Néolithique. Les fouilles archéologiques engagées en urgence par le Département, en amont d’un chantier immobilier, ont mis au jour 16 sépultures, de nombreux ossements et des petits objets qui s’apprêtent à livrer leurs secrets !
L’existence de ce site funéraire était connue depuis 1985, date où 2 tombes du Néolithique étaient sorties de terre lors du chantier de construction de la gendarmerie. L’été dernier, la surprise est venue du nombre de sépultures découvertes dans un état de conservation remarquable ! Clément Mani, archéologue au sein du service départemental de la conservation du patrimoine, était de l’aventure. « Nous avons dégagé 16 sépultures et 15 d’entre elles ont pu être fouillées. Elles se présentaient sous la forme de petits coffres en pierre finement taillée ne dépassant pas 1m30 de longueur sur 80 cm de large. Certains étaient très petits pour accueillir, sans doute, des bébés mort-nés. 8 tombes contenaient encore des ossements humains avec 1 à 6 squelettes dans chaque sépulture, dont beaucoup d’enfants. Fait exceptionnel, l’une des pierres qui préservaient les ossements était couverte de gravures quadrillées sans équivalent en Savoie. » Des pointes de flèche en silex et en cristal de roche ont également été trouvées ainsi que des perles noires, une pendeloque en quartz et un petit récipient en céramique.
Opération financée par l’Association départementale pour la recherche archéologique en Savoie (ADRAS).
Les archéologues s’attachent désormais à faire parler chaque ossement, pierre, artefact révélé par leurs fouilles. Un travail de longue haleine qui nécessitera l’utilisation de carbone 14 pour dater les os et des analyses génétiques pour déterminer le sexe et les liens de parenté. Pas moins de 236 seaux de sédiments, collectés sur le site, sont stockés au dépôt de fouilles départemental à Chambéry, en attente d’être passés au peigne fin. Les experts peuvent d’ores et déjà affirmer que ces tombes ressemblent trait pour trait à d’autres retrouvées sur le plateau lémanique en Suisse et dans le Piémont italien. La Tarentaise était donc un point de passage dans les Alpes entre 5 700 et 3 400 avant notre ère. « Ces découvertes vont nous permettre d’en savoir plus sur le mode de vie et les rites funéraires des premières populations sédentaires de la vallée. La nécropole d’Aime-la- Plagne est le second site le plus ancien que l’on connaisse en Tarentaise après le Châtelard de Bourg-Saint-Maurice » explique Sébastien Nieloud-Muller, archéologue au Département de la Savoie également présent lors des fouilles. Qui sait ? Ces découvertes se retrouveront peut-être bientôt dans les vitrines du Musée Savoisien à Chambéry !
Depuis 1995, le Conseil départemental intègre un volet archéologie dans ses missions afi n de valoriser le patrimoine et de soutenir l’émergence de recherches sur le territoire. Il soutient, chaque année en Savoie, 10 à 15 opérations de fouilles archéologiques programmées.
Crédit : PJ Rey