Top départ pour la saison d’hiver ! Vous faites partie de ceux qui attendent impatiemment que les conditions soient réunies pour vous échapper skis aux pieds, gravir les sommets et y laisser vos traces dans la poudreuse immaculée ? Vous êtes au bon endroit : les massifs savoyards offrent une multitude d’itinéraires, prisés par des pratiquants de plus en plus nombreux. Une aubaine qui peut virer au cauchemar pour les résidents à plumes et poils qui peuplent discrètement ces mêmes espaces…
Sportifs en quête de performance, amoureux de la nature, de paysages de montagne ou férus de glisse : le ski de randonnée séduit tous les profils. Rien d’étonnant à ce que cette pratique ait le vent en poupe ! Un engouement qui justifie quelques messages de sensibilisation car près de la moitié des pratiquants de sports de nature ne sont pas ou peu au courant des impacts du dérangement lié à leur discipline et donc peu informés des bonnes pratiques pour les limiter. On vous en dit un peu plus !
Décidées par les communes, stations ou parcs naturels, ce sont des périmètres de tranquillité où la pratique de la randonnée (à pied, en raquettes à neige ou à ski) est interdite. Les animaux peuvent s’y réfugier en sécurité et bénéficier de suffisamment d’espace pour effectuer leur cycle de vie en toute quiétude. Pour identifier les zones de tranquillité, renseignez-vous avant votre sortie sur biodiv-sports.fr, skitour.fr ou auprès des parcs naturels et réserves.
Même très loin de tout espace aménagé ou balisé, vous n’êtes pas seuls ! La preuve : de très nombreux pratiquants déclarent avoir croisé le chemin d’un animal au cours de leur sortie. C’est un signe encourageant de biodiversité mais qui doit aussi alerter sur l’impact de ces rencontres. Car un animal qui fuit est un animal qui a été dérangé. Et, l’hiver, cela lui demande beaucoup plus d’effort… Un chamois par exemple dépense 10 fois plus d’énergie pour un sprint en neige profonde que sur terrain sec et même 60 fois plus si c’est en pente ! Alors même que c’est la saison durant laquelle il doit s’économiser car la nourriture est rare et moins riche. Un bouquetin mâle peut perdre un tiers de son poids pendant l’hiver, faute de trouver sa ration habituelle de touffes d’herbe.
Afin d’alerter les adeptes du ski de randonnée sur cette vulnérabilité de la faune sauvage, le Département a pris l’initiative de réunir les parcs naturels (Bauges, Chartreuse, Vanoise), la Ligue de protection des oiseaux (LPO), les fédérations françaises de la montagne et de l’escalade (FFME) et le comité de Savoie des clubs alpins de montagne au sein d’un groupe de travail. Avec des résultats concrets : le référencement des sites sensibles, l’intégration de messages de sensibilisation dans les fiches topo de la plateforme Skitour et l’organisation de formations proposées aux adhérents et encadrants des clubs.
Limiter le dérangement, c’est possible ! À condition de respecter certaines règles de pratique et d’adopter les bons comportements.
Jusqu’en lisière de forêt, plus la zone est boisée et plus la probabilité de rencontre avec un animal est grande. La règle à tenir consiste donc à rester dans les itinéraires déjà empruntés et à conserver la même trace de montée.
Classé sur la liste rouge de l’UICN, cet oiseau emblématique des Alpes est très sensible au dérangement et à la dégradation de son habitat, situé exclusivement entre 1 400 et 2 300 mètres d’altitude. Là où, dans son igloo si discret sous la neige, il se réfugie jusqu’à 20 heures par jour l’hiver. À l’abri des regards mais pas de vos skis…
Le développement de la pratique du ski de randonnée pose aussi le problème du stationnement au départ des itinéraires les plus fréquentés.
Exemple à Celliers avec Paul Guillard, Maire délégué : « Ces dernières années, nous observons un afflux de pratiquants et nous nous en réjouissons pour l’activité touristique de notre petit massif. Mais, lors des pics d’affluence, le stationnement est envahissant, notamment au hameau de Celliers Dessus, point de départ des itinéraires, et le long de la route pour y accéder. Les habitants ont des difficultés pour se garer et le passage des véhicules de secours et d’entretien pourrait être empêché parce que ces espaces ne sont pas aménagés pour accueillir autant de monde. Et ils n’ont pas vocation à le devenir car le parking de la télécabine qui n’est pas saturé peut remplir ce rôle avec toutes les commodités (restauration, sanitaires publics). Il faut juste prévoir un quart d’heure de balade en plus ! »
Crédit : Savoie Mont Blanc / Cervellin