Dino Lago, 100 ans de vie et de courage
écrit le 07 octobre 2025
On n’a pas tous les jours un siècle ! En tant que doyen de la commune et pour honorer un parcours hors norme, Dino Lago s’est vu remettre la médaille de la Ville de Modane. C’était en juin dernier, 3 mois après avoir soufflé ses bougies aux côtés de ses 3 enfants, 5 petits-enfants et 6 arrière-petits-enfants. Héros de la résistance, Dino a servi à plus d’un égard la France et son département de cœur. Il vient de recevoir la Légion d’honneur !
Aujourd’hui résident à l’EHPAD de Modane, Dino avance dans la vie avec sa discrétion naturelle. Pourtant, si on tourne les pages de son histoire, on découvre un homme exceptionnel. Né le 18 mars 1925 à Caldogno en Italie, Dino débarque en Haute-Maurienne à l’âge de 6 ans avec sa famille qui fuyait Mussolini. Adolescent, il entre de plein fouet dans la seconde guerre mondiale, témoin de l’arrivée des troupes italiennes puis allemandes et des bombardements de 1943. À 19 ans, il intègre la 2ème compagnie du 15e Bataillon de chasseurs alpins basé aux Essarts à Valfréjus, sous le commandement du capitaine Mistral. Dino se souvient de la faim, du froid, de son camarade qui se réveille un matin les cheveux collés au mur gelé contre lequel il s’était endormi, et des armes dépareillées qu’ils avaient à leur disposition.
Le 6 avril 1945 …
Lui et 5 hommes sont envoyés pour libérer le fort de la Turra à 2 500 m d’altitude. La veille de l’attaque, ils passent la nuit dans la forêt de Termignon sous des abris faits de branchages. Le drapeau français dans le sac pour le planter au sommet du fort, Dino part avec son groupe à 2h du matin après avoir bu une lichette d’alcool pour se donner du courage. Le curé est aussi là pour leur donner la bénédiction. Une fois passé la ligne de protection des sapins c’est l’assaut des troupes allemandes. Dino a juste le temps de grimper plus haut à l’abri des balles, une chance que 3 de ses camarades n’auront pas. Ils s’appelaient Honoré Poncet, Emile Melquiot et Jean Rey. Une fois revenu au cantonnement, Dino fera la veillée du corps de ce dernier. « Même ses souliers étaient troués par les balles » explique-t-il.
Toujours aller de l’avant !
Dino est venu très souvent se recueillir devant la stèle érigée en hommage à ses 3 amis morts au combat. Après cette opération fiasco, son courage n’a pas pour autant faibli, le conduisant sur le chemin de la libération, de sommet en sommet jusqu’à Suse. Sa bravoure s’est aussi illustrée sur les nombreux chantiers qu’il a menés en tant que mécanicien au Gabon et aux 4 coins de la France, notamment en Savoie lors du percement du tunnel du Fréjus et la construction des barrages à Aussois et Orelle.
Des médailles pour se souvenir
Bien que pudique quant à ses exploits, Dino a reçu de nombreuses distinctions qui l’ont mis dans la lumière malgré lui : la Croix du Combattant 39/45, la Croix d’Engagé volontaire, la Médaille de reconnaissance de la Nation et la Médaille du Souvenir français. À quand la Légion d’honneur ? Bonne nouvelle, le Savoyard a appris cet été qu’il avait décroché cette plus haute distinction honorifique française. La cérémonie qui a eu lieu il y a quelques jours, était à l’image de Dino : belle et émouvante.
Bio express
Dino Lago
100 ans
Modane
L’un des derniers résistants en vie en Savoie
Légende photo : Hiver 1944-1945 – Dino Lago, 1er en partant de la droite