C’est en février 2019 que le Département de la Savoie donnait le coup d’envoi des travaux de rénovation du Musée Savoisien à Chambéry. Ce chantier d’envergure se poursuit au rythme des 18 entreprises et 20 corps de métiers mobilisés sur place. Encore un peu de patience avant de pousser les portes de ce musée de référence de l’histoire et des cultures de la Savoie. La complexité du bâtiment qui nécessite de reconstruire intégralement en sous-oeuvre certaines structures très fragiles et les fouilles archéologiques prolongées jusqu’en 2020, conjuguées à la crise sanitaire, ont fait évoluer le calendrier de chantier.
Imaginé dès 1864 par Pantaléon Costa de Beauregard, premier Président du Conseil général de la Savoie, ce musée est implanté depuis 1913 à Chambéry. Il s’est installé dans un couvent franciscain datant du 13e siècle, transformé en archevêché. C’est l’un des plus anciens bâtiments de Chambéry mais dont on ne connaît que très partiellement la longue histoire, les archives du couvent franciscain ayant brûlé dans l’incendie du Château des ducs de Savoie en 1798. Le Département, qui a la gestion de ce musée depuis 2012, a imaginé et lancé un projet de rénovation ambitieux, tant sur le plan des travaux que de la scénographie.
La rénovation du musée, fermé au public depuis fin 2014, concerne le réaménagement des espaces intérieurs avec une nouvelle répartition de l’accueil, des espaces d’expositions temporaire et permanente mais aussi des fonctions de logistique et d’administration autour d’une nouvelle scénographie pour les collections. Cette scénographie se veut innovante et participative sur la base de dispositifs interactifs et de médiation humaine qui rendront compte de l’histoire et des objets tout en les reliant au présent et à des dynamiques futures.
Le parcours muséographique sera entièrement revisité afin de présenter l’histoire de la Savoie, du paléolithique jusqu’à nos jours. Six thématiques compléteront ces grands repères géographiques et historiques. Au total, 2 150 m² seront consacrés aux expositions permanente et temporaire.
Le projet porte également sur les abords du musée et ses façades, avec la reconfiguration des accès et la création de la façade d’entrée sur la place Métropole.
Le projet prévoit, par ailleurs, la création d’un Centre de conservation pour les collections départementales. Après une phase d’études, la construction de ce bâtiment, mutualisé avec d’autres services du Département, devrait démarrer l’année prochaine.
Coût de ce programme ambitieux : plus de 22 M€ dont 7,5 M€ de subventions de l’État et de la Région.
Le chantier lancé en février 2019 a d’ores et déjà métamorphosé ce bâtiment de 4 000 m².
Elle a permis la démolition d’éléments structurels ne pouvant être réutilisés et, inversement, la dépose soignée des éléments de décors à conserver, comme les plafonds à la française, les parquets et portes historiques. Elle a également porté sur le décloisonnement et la création de baies et d’ouvertures dans l’ensemble du musée, la consolidation et la modification des charpentes et des couvertures ainsi que la mise en place des réseaux d’électricité, de ventilation, de chauffage et d’eau.
Cette étape a également permis la réalisation de travaux « hors les murs » comme la fabrication des passerelles et de la poutre métalliques pour le hall d’accueil et l’aile Ouest, ou encore la fabrication des lucarnes en cuivre destinées à l’aménagement des combles.
Malgré la crise sanitaire et le premier confinement qui ont ralenti le chantier, de nombreux travaux sont aujourd’hui achevés :
Restauration de la façade Ouest en pierres de taille
L’importance des découvertes des premiers sondages réalisés au printemps 2019, notamment la trentaine de sépultures mises au jour dans l’ancienne salle capitulaire, a motivé une campagne complémentaire. Cette deuxième campagne s’est déroulée de décembre 2019 à fin février 2020, principalement au rez-de-chaussée de l’aile Nord et de l’aile Est du bâtiment central du couvent. Ces fouilles ont mis à jour un grand nombre de sépultures de moines et de laïcs -hommes, femmes, enfants- dont 3 caveaux de l’époque moderne (du 16e au 18e siècle). Des latrines immergées dans la nappe phréatique ont été découvertes ainsi que de nombreux objets de vaisselle mais aussi et surtout un ensemble de carreaux de poêle en céramique verte ornés de motifs courtois (chevalier, griffons, armoiries…). Une fois restaurés, ces objets seront en partie présentés dans le parcours permanent du musée.
Leur apport scientifique pourra être d’intérêt national voire européen ! Le rapport qui sera remis par les archéologues missionnés par le Département permettra de documenter l’histoire du bâtiment avant sa transformation.
Carreaux de poêle en céramique découverts dans les latrines / Fouilles de la libraria et de la salle capitulaire
Après la finalisation, l’année dernière, des maquettes architecturales et la réalisation de 18 films documentaires, l’équipe s’est lancée, en 2021, dans la création des films d’animation et jeux numériques qui seront au coeur du parcours pédagogique du musée. Des partenariats ont d’ailleurs été mis en place avec l’Institut national des jeunes sourds de Cognin et le lycée professionnel du Nivolet situé à La Ravoire. Objectif : produire des éléments de médiation en langue des signes et des objets en bois à manipuler.
L’équipe du musée prépare également la mise en place des objets (déménagement des collections, encadrement, soclage d’une partie des oeuvres, commande de restaurations, préfigurations des mises en espace dans les vitrines, etc…). L’arrivée des grosses pièces qui rejoindront le parcours permanent, comme la pirogue carolingienne ou la salle de bains de Charlotte Perriand, est prévue en septembre 2021.
Enfin, l’équipe a commencé à travailler sur la première exposition temporaire qui sera présentée à l’ouverture du musée.
Dès l’été 2012, l’équipe du musée a déménagé progressivement ses collections, composées de pas moins de 100 000 objets, vers les réserves archéologiques et des locaux provisoires situés dans l’agglomération chambérienne.
Ce chantier des collections comprend plusieurs étapes : dépoussiérage, prise de mesures, marquage, informatisation des données, prise de vue photographique et numérisation, ou encore le traitement (anticorrosion/insecticide…) et le récolement. Au total, chaque objet passe entre les mains d’environ sept personnes !
En 2020, une grande partie des pièces de monnaie, estampes et sceaux a été traitée. Le chantier des collections textiles, lancé en juillet 2019, se poursuit cette année : plus de 950 robes, tabliers, châles, vestes, jupes, pantalons, vêtements de montagne, coiffes, bonnets… sont nettoyés de tous insectes par micro aspiration ou privation d’oxygène (technique appelée « anoxie ») puis inventoriés et conditionnés.
Dépoussiérage des collections textiles
- Pascal Prunet / Prunet Architecture et Urbanisme (Sèvres, 92)
Architecte en chef des monuments historiques, Pascal Prunet participe activement à la restauration actuelle de la cathédrale Notre Dame de Paris
- Studio Adeline Rispal, scénographie (Paris, 75)
- Nicolas Detry, architecte / Agence Detry & Lévi (Lyon, 69)
- IDES, BET structure
(La Roche-sur-Yon, 85)
- Amstein+Whalthert, BET fluides (Suisse)
- Cabinet Eric Huet, économiste de la construction (Angers, 49)
- Licht Kunst Licht, éclairagiste (Allemagne)
- ACR, conseil en HQE (Lyon, 69)