Il fait partie de cette jeune génération qui regarde en arrière pour avancer et faire perdurer un savoir-faire ancestral. Cette force tranquille a remis en action une forge hydraulique du début du XXe siècle située à La Compôte, dans les Bauges.
C’est là, dans cet atelier d’un autre temps, créé en 1900 par la famille Petit, que le jeune homme dessine, façonne et donne vie à ses œuvres. Les roues à augets qui ont permis aux frères Lagarit d’exercer leur métier de mécanicien jusque dans les années 1970 ont repris du service, il y a six ans, grâce à Simon et sa persévérance. « J’ai découvert cette forge d’exception lors d’une visite quand j’étais lycéen. Je suis tombé sous son charme et ma vie professionnelle m’a finalement conduit jusqu’à elle. Après trois ans de discussion avec la collectivité propriétaire du lieu, j’ai pu acquérir le bâtiment qu’il me tient à cœur de garder dans son jus ! »
De Jacob-Bellecombette où Simon a passé son enfance à La Compôte où il vit et travaille aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts. Attiré par la nature, les grands espaces et l’ambiance de village, le Savoyard a passé un bac agronomie et environnement pour devenir garde forestier. Après deux ans en tant que saisonnier, en station l’hiver et dans les champs l’été, puis quelques missions en intérim, il décide à l’âge de 24 ans de trouver sa voie. « J’ai passé un CAP maréchalerie puis j’ai expérimenté, en autodidacte, d’autres techniques du forgeron, comme la taillanderie, la coutellerie et la ferronnerie, mon coup de cœur. Ce métier est magique ! Il permet d’allier le beau à l’utile, de faire travailler ma créativité pour transformer le métal en portail, rampe d’escalier, potence de puits ou encore marquise, tout est possible ! » Volutes, courbes… Le ferronnier d’art chauffe l’acier à la forge pour façonner ses pièces au marteau et à l’enclume avant de peaufiner les détails avec de petits outils.
« C’est gratifiant de voir le résultat final après plusieurs jours, voire plusieurs semaines, passées sur une œuvre. J’aimerais obtenir un brevet d’art pour me lancer dans la restauration et pourquoi pas élargir mon horizon en créant du mobilier sur mesure à base de bois et de fer forgé » Cet héritage et sa passion, Simon compte bien les partager au plus grand nombre. Il propose des stages d’initiation allant de 3 heures à 2 jours. Il a également organisé l’été dernier, sur une semaine, un festival de l’art récup’. Sept artistes ont conçu sur place des œuvres à partir de vieilles pièces de métal. La forge est bel et bien réveillée pour de longues années et pour le plus grand bonheur des habitants de La Compôte, notamment des anciens ravis de voir revivre ce patrimoine rarissime !
BIO EXPRESS
34 ans
La Compôte
Ferronnier d’art
Crédit : Fabrice Rumillat