Peut-être l’avez-vous vu au cinéma à sa sortie en mai dernier ? Le long métrage Slalom, tourné intégralement début 2019 à Val d’Isère, Tignes, Les Arcs et Bourg-Saint-Maurice, est dans la course aux César ! Il est nommé dans les catégories meilleur premier film pour Charlène Favier et meilleur espoir féminin pour Noée Abita, 22 ans, qui joue une jeune championne de ski devenue la proie sexuelle de son entraîneur interprété par Jérémie Renier. En attendant le verdict le 25 février lors de la cérémonie des César, rencontre avec la réalisatrice, Charlène Favier.
Quel est votre lien avec le département de la Savoie et pourquoi l’avoir choisi pour tourner votre premier long métrage ?
J’ai fait mes premiers pas et j’ai grandi à Val d’Isère où mes parents originaires de Bourg-en-Bresse se sont installés avant ma naissance. Je sais que pour être considéré comme un vrai avalain, il faut y être implanté depuis 2 à 3 générations, mais nous on l’est à 100% dans le cœur ! En fait, dans la famille, on est passionné de montagne, de randonnée et de ski et c’est pour ça qu’on se sent bien ici. Mes études et mes choix professionnels m’ont amenée à quitter la Savoie mais je reviens régulièrement rendre visite à mes parents et prendre une bonne bouffée d’oxygène !
Tourner mon premier long-métrage en Savoie était une évidence. Je voulais que ça se fasse chez moi, là où j’ai passé mon enfance et où j’ai mes repères. Je connais les lumières et les paysages par cœur et en plus j’avais envie de laisser une trace, d’imprimer sur la pellicule cet attachement personnel.
Comment s’est passé le tournage sur vos terres et quels souvenirs en gardez-vous ?
Nous avions tous les décors et les équipements sur place pour un tournage réussi ! A Tignes, on a par exemple profité de l’organisation de championnats pour tourner les séquences de ski et on a choisi les Arcs pour la salle d’entrainement. Le tournage a duré 5 semaines entre janvier et mars 2019 sur de grandes amplitudes horaires. C’était intense et difficile en raison du froid. Et le fait de rester en position statique n’arrangeait pas les choses ! Je craignais aussi qu’il neige de trop et que notre planning soit bousculé. Mais au final, tout s’est bien passé.
Je garde un super souvenir de ces 5 semaines, entourée d’une équipe je connais depuis 10 ans. On était comme une grande famille et on a beaucoup ri ! Je me souviens notamment d’une journée de tournage interminable avec une scène sur un télésiège à Tignes. Le vent était tellement froid que les micros des comédiens, les cheveux de Noée et la moustache de Jérémie ont gelé !!!
Que représentent pour vous ces nominations aux César du cinéma ?
D’abord, je voudrais préciser que ce qui est raconté dans Slalom n’a rien à voir avec ce que j’ai moi-même pu vivre quand je pratiquais le ski de compétition. Ce n’est pas une histoire vraie. Ce film aborde le sujet délicat des violences sexuelles dans le sport. J’avais envie de raconter cette histoire et de la transposer dans l’univers de la montagne et de la glisse sous-exploité au cinéma.
Lorsqu’on a appris qu’on était éligible aux César 2022, ça a été une vraie course contre la montre pour communiquer un maximum sur le film et mobiliser les membres de l’Académie. Sur la trentaine de premiers films en lice, nous avons été retenus dans les 5 finalistes, ce qui n’était pas gagné d’avance ! C’est déjà une belle reconnaissance pour toute l’équipe du film et pour le travail que nous avons réalisé. Je suis tellement heureuse pour Noée et sa nomination dans la catégorie meilleur espoir féminin. Elle est comme ma sœur et vraiment elle le mérite car elle s’est donnée à fond ! Elle s’est beaucoup entrainée avec le ski club de Tignes pour être au top dans son rôle et ça se voit à l’écran. On va continuer à se battre jusqu’au jour J des César et on espère que la récompense sera au bout du chemin.