Coup de projecteur sur Cinébus, le cinéma itinérant des Pays de Savoie

Quand la camionnette Cinébus débarque dans les villages, c’est tout un cinéma qui s’installe et prend vie. Les bénévoles s’activent pour mettre en place le projecteur et les enceintes dans les salles déjà équipées d’un écran. Les spectateurs prennent place, les lumières s’éteignent et c’est parti ! « On est là pour apporter de la convivialité, de l’émotion. On utilise le 7^e art pour créer du lien social et permettre à tous de partager un bon moment. Notre plus belle récompense c’est quand les personnes nous remercient à la fin de la séance et repartent avec le sourire ! » explique Xavier Trambouze, directeur de Cinébus.

Arrêt sur images en 1983, année de naissance de cette association.  À l’origine, 9 MJC rurales désireuses d’animer les vallées et les montagnes de Savoie et Haute-Savoie autour d’un projet fédérateur et d’éducation populaire. L’idée d’un cinéma itinérant a rapidement été adoptée et de nombreuses communes ont raccroché les wagons, séduites par le principe. Aujourd’hui, Cinébus compte 31 associations adhérentes, près de 200 bénévoles et 8 salariés. Elle s’autofinance à 80% grâce aux entrées (de 3€50 à 5€50) et bénéficie de subventions du Conseil Savoie Mont Blanc, de la Région et de l’État.

Des bords du lac du Bourget aux villages de montagne, du bassin annécien au sommet du Revard, l’association en parcourt des kilomètres ! Il lui faut parfois faire plus de 2 heures de route pour rejoindre, par exemple, Valloire ou Saint-Jean-de-Belleville. Cinébus sillonne pas moins de 34 communes de 500 à 5 000 habitants. Toutes ont comme point commun d’être situées à bonne distance d’une salle de cinéma fixe, critère indispensable pour faire partie de l’aventure. L’association organise également, pendant les beaux jours, des projections en plein air et va pour l’occasion jusqu’en Saône-et-Loire. Cette année, elle a ainsi proposé 130 dates de mai jusqu’à fin septembre.

Côté programmation, Cinébus se démarque grâce à une offre originale art et essai mais aussi des films grand public pour coller à toutes les attentes. « Il faut trouver le bon équilibre sans perdre son âme. Je propose aux communes partenaires une sélection de 10 films par mois et chacune choisit son coup de cœur. Le passage en 2013 au numérique a simplifié la logistique et facilité l’accès à un grand nombre de long-métrages. Fini le temps où on utilisait un projecteur de 35 millimètres avec des bobines de 1,8 km de long ! On devait alors faire un entracte au bout d’une heure, l’occasion de boire un verre ensemble… mais parfois on avait du mal à faire rassoir les personnes pour la suite du film ! ».

De fil en aiguille, Cinébus a su s’ancrer dans le paysage culturel des Pays de Savoie et trouver son public. « Les personnes qui viennent aux projections en salle sont en grande majorité des femmes retraitées. C’est compliqué de renouveler son public d’autant plus que le Covid et le confinement sont passés par là avec 300 jours cumulés de fermeture. Les pratiques nouvelles avec les plateformes TV font aussi beaucoup de mal au cinéma.  Notre fréquentation a baissé de 16% en cette fin juillet par rapport à 2019 où nous avions fait un nombre d’entrées exceptionnel ». Pour se diversifier, Cinébus souhaite développer ses projections et ateliers pour le jeune public y compris dans les écoles et collèges, notamment via le dispositif national « École et cinéma » en partenariat avec l’Education nationale et l’Espace Malraux en lançant début 2023 des ciné-concerts. « Le public scolaire représente aujourd’hui un tiers des entrées et nous espérons monter en puissance. Nous aimerions également intervenir dans les EHPAD auprès des résidents et de leur famille. Et pourquoi pas, lors des séances en plein air, inviter les spectateurs à pédaler pour projeter le film et ainsi les sensibiliser au développement durable ?».

Découvrez la liste des salles Cinébus et les films à l’affiche surcinebus.fr

Crédit : Fabrice Rumillat et Cinébus